Une ferme photovoltaïque en Inde, le 17 mai 2016. | NARINDER NANU / AFP

Plein soleil, vent en poupe… A l’échelle de la planète, les énergies vertes ont connu en 2015 une progression sans précédent. C’est ce que montre le Rapport sur le statut mondial des énergies renouvelables 2016, publié, mercredi 1er juin, par le réseau international REN21, qui présente l’état des lieux le plus complet de ce secteur.

Fin 2015, la capacité d’énergie renouvelable installée dans le monde atteignait 1 849 gigawatts (GW), en hausse de 8,7 % sur un an. Cet essor a été principalement porté par l’éolien (433 GW, + 17 %) et le solaire photovoltaïque (227 GW, + 28 %), ces deux filières assurant à elles seules les trois quarts de la croissance globale.

Capacité mondiale d'énergie éolienne | REN21

Capacité mondiale d'énergie solaire photovoltaïque | REN21

Baisse des investissements européens

Autre indicateur au vert : les investissements mondiaux dans les renouvelables ont atteint eux aussi un niveau record, de 286 milliards de dollars (256 milliards d’euros). Fait notable, ce montant est plus de deux fois supérieur aux dépenses consacrées aux nouvelles installations utilisant le charbon et le gaz (130 milliards de dollars).

Pour la première année, les investissements des pays émergents et en développement ont dépassé ceux des pays avancés (156 milliards contre 130 milliards). A elle seule, la Chine a engagé 103 milliards de dollars, soit 36 % du total mondial, ce qui représente une hausse de 17 % de son effort annuel. Les investissements ont également fortement augmenté au Chili, en Inde, au Mexique, en Afrique du Sud et, à un moindre degré, au Honduras, au Maroc, aux Philippines, au Pakistan et en Uruguay.

A l’inverse, les pays développés ont réduit leur effort de 8 %. Ce recul a surtout été le fait de l’Europe (49 milliards de dollars, - 21 %), alors que les Etats-Unis, eux, ont continué à monter en régime (44 milliards, + 19 %).

Investissements mondiaux dans les renouvelables, en milliards de dollars | REN21

Politiques nationales

Les progrès enregistrés par les renouvelables au niveau mondial s’expliquent bien sûr, pour une grande part, par la baisse continue du coût de ces technologies. Mais le rapport de REN21 y ajoute un éclairage plus politique. Début 2016, relève-t-il, 173 pays étaient dotés d’objectifs en matière d’énergie renouvelable, et 146 de politiques d’appui au niveau national ou régional. Une démarche dont la conférence mondiale sur le climat de Paris, la COP21, a été, fin 2015, le catalyseur.

En outre, un nombre croissant de collectivités s’est engagé dans une démarche « 100 % électricité renouvelable », voire « 100 % énergie renouveable » : c’est le cas du comté de Byron et des municipalités de Coffs Harbour et Uralla en Australie, du comté d’Oxford et de la ville de Vancouver au Canada, ou encore des municipalités américaines de Rochester (Minnesota) et de San Diego (Californie).

Subventions aux fossiles

Pour autant, les renouvelables ne couvraient encore que 19,2 % de la consommation mondiale d’énergie en 2014, dernier chiffre connu. Le poids des fossiles (charbon, gaz et pétrole) reste écrasant (78,3 %), tandis que le nucléaire ne joue qu’un rôle marginal à l’échelle mondiale (2,5 %). La part des renouvelables est en croissance dans la production d’électricité (23,7 % fin 2015 contre 22,8 % fin 2014), mais elle reste mineure dans les transports et les installations de chauffage et de refroidissement.

« La croissance des renouvelables est d’autant plus remarquable qu’elle se produit dans un contexte marqué par les cours historiquement bas des ressources fossiles. Mais il reste encore beaucoup à faire », commente Christine Lins, secrétaire exécutive de REN21. L’un des principaux obstacles au développement des filières vertes, observe-t-elle, reste le déséquilibre entre les subventions accordées par les Etats aux énergies fossiles et celles allouées aux renouvelables : 490 milliards de dollars pour les premières l’an passé, contre 135 milliards, soit près de quatre fois moins, pour les secondes.

Ces freins n’empêchent pas le secteur de totaliser désormais 8,1 millions d’emplois directs et indirects de par le monde (+ 5 % en un an), dont 2,8 millions dans la branche photovoltaïque.