Camp militaire américain à Okinawa. | JAPAN POOL / AFP

Des milliers de personnes manifestaient dimanche 19 juin sur l’île japonaise d’Okinawa contre la lourde présence militaire américaine. Les manifestants – 50 000 sont attendus par les organisateurs – prennent exemple de deux faits divers récents (meurtre et accident sous l’emprise de l’alcool), respectivement imputés à un employé et un marin de bases armées américaines, pour critiquer la présence sur l’île méridionale de 47 000 soldats des Etats-Unis, plus de la moitié du contingent stationné dans l’ensemble de l’archipel nippon.

La manifestation a débuté dimanche vers 14 heures (5 heures GMT) sous un soleil de plomb dans un stade de Naha, la capitale de la préfecture d’Okinawa, par une minute de silence pour la jeune Rina Shimabukuro, 20 ans, violée et tuée fin avril. « Je suis rempli de tristesse et je ne veux surtout pas d’autre victime, a déclaré Chihiro Uchimura, un manifestant de 71 ans. Tant qu’il y aura des bases militaires américaines, ce genre d’incident se reproduira. »

Tension autour du déménagement d’une base militaire

Un rassemblement similaire était organisé simultanément devant le Parlement à Tokyo. La manifestation vise aussi à stopper le projet de déplacement, dans une baie de l’île, d’installations militaires américaines actuellement situées en plein centre urbain. Depuis des décennies sise dans la ville de Ginowan, la base aérienne de Futenma doit être transférée vers une région littorale moins peuplée, à Henoko, mais les autorités d’Okinawa, le gouverneur Takeshi Onaga en tête, réclament sa disparition pure et simple de leur région. « Le Japon est encore une colonie militaire des Etats-Unis, Futenma en est le symbole », déplore un manifestant.

Les États-Unis ont occupé Okinawa pendant vingt-sept ans après la fin de la guerre, avant d’en rétrocéder le contrôle au gouvernement japonais en 1972, tout en y maintenant des bases, l’emplacement étant jugé stratégique en Asie.

Une opposition locale de longue date

Près de 100 000 personnes avaient participé à une manifestation de masse à Okinawa en 2010 contre la construction de la nouvelle base sur la côte nord. Le gouvernement de centre-gauche, élu en 2009, n’avait pas réussi à tenir tête aux Américains pour que la base de Futenma disparaisse du paysage d’Okinawa. Fin 2012, la droite est revenue aux commandes avec Shinzo Abe et s’est depuis escrimée à tenter de faire avancer le projet de déménagement initialement imaginé, jugeant qu’il s’agissait « de la meilleure et unique solution ».

Mais la bataille avec le gouverneur n’a fait que s’amplifier depuis, et dimanche pourrait marquer un nouveau point d’orgue de l’opposition locale envers l’administration centrale et les Américains. Le président américain Barack Obama avait dû le 25 mai, à la veille d’un sommet du G7 au Japon et à deux jours de sa visite historique à Hiroshima, exprimer ses « profonds regrets » après le décès de Rina Shimabukuro