A Nice, le 8 juin 2016. | VALERY HACHE / AFP

42 000 policiers, 30 000 gendarmes, 2 500 sapeurs-pompiers, 300 démineurs, 13 000 agents de sécurité… Chiffres à l’appui, premier ministre, ministre de l’intérieur et chef de l’Etat se relaient depuis plusieurs semaines, se portant garants de la qualité du dispositif de sécurité à l’approche du coup d’envoi du championnat d’Europe de football, vendredi 10 juin.

Alors que le pays est encore soumis aux règles de l’état d’urgence établi au soir des attentats du 13 novembre, le risque terroriste est présent dans tous les esprits.

Oui, la menace existe, a réaffirmé le président de la République sur France Inter, dimanche 5 juin. Et « pour un temps long ». Entre une anecdote sur l’Euro 1984 — remporté par l’équipe de France — et une mise en garde sur l’inconfortable place de favori dans une compétition — n’y voyez aucune allusion au fait qu’Alain Juppé soit favori dans les sondages — François Hollande est venu appuyer ce que Bernard Cazeneuve répète à l’envi. A savoir que tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité des 2,5 millions de spectateurs attendus dans les 10 stades qui accueilleront les rencontres, et des 7 à 8 millions de supporteurs qui assisteront aux retransmissions en direct dans les fan-zones.

  • Les stades

Dix stades, dix villes hôtes et un fiasco. Le 21 mai au Stade de France, la finale de la Coupe de France devait servir de répétition générale avant France-Roumanie, le match d’ouverture de la compétition, vendredi 10 juin au stade de France. Bilan : des mouvements de foule à l’entrée, dus au nombre d’entrées restreint pour cause de sécurité ; des fumigènes, pétards et autres bombes agricoles lancés pendant la rencontre… Le dispositif de sécurité a pour le moins failli malgré un mur de deux mètres et le triple contrôle des spectateurs.

Des leçons ont depuis été tirées, assurait M. Cazeneuve quelques jours plus tard.

  • Les fan-zones

« Contrôlées », « protégées », mais « maintenues ». Le 22 mai, le premier ministre, Manuel Valls, défendait les fan-zones, alors que Nicolas Sarkozy estimait dans une interview sur TF1 que celles-ci constituaient « un risque ». Jeudi, The Independent comparait ces espaces à « dix Bataclan à ciel ouvert », citant une source sécuritaire française. Ces lieux de retransmission sur écran géant où se réuniront entre 10 000 et 90 000 personnes selon les villes hôtes sont au centre des inquiétudes.

A Paris, le préfet de police, Michel Cadot, plaidait notamment dans un courrier du 26 mai pour la fermeture de la fan-zone du Champ-de-Mars les jours de matchs au Parc des princes et au Stade de France. Trop d’événements à sécuriser au même moment par des forces de l’ordre déjà épuisées par sept mois d’état d’urgence et des semaines de conflits sociaux. A l’origine, 10 000 policiers de la préfecture de police devaient participer au dispositif de sécurité dans la capitale et sa petite couronne. Plus de 3 000 policiers supplémentaires ont finalement été déployés en renfort durant la compétition, rassurant le préfet.

A Bordeaux, le débat a davantage porté sur la question des coûts, assumés par la ville hôte, liés au renforcement des mesures de sécurité de la fan-zone ou encore du tramway. Soit près de deux millions d’euros. Le maire de la ville, Alain Juppé, a toutefois assuré que les retombées économiques seraient bien supérieures, de l’ordre de 100 millions d’euros, selon lui.

A qui profite l’Euro de football ?
Durée : 05:14

  • Hooligans

Si le risque terroriste est dans tous les esprits, celui des débordements de violences des hooligans est également au cœur des préoccupations sécuritaires.

Le commissaire de police Antoine Boutonnet, qui dirige la division nationale de lutte contre le hooliganisme, affirmait ainsi au Monde début juin que près de 3 000 supporteurs seraient interdits d’entrée sur le territoire français, sur la base des interdictions de stade prises dans les pays d’origine et d’échanges de renseignement. S’y ajoutent notamment 322 Français interdits de stade ainsi que 2 000 supporteurs anglais qui se sont vu confisquer leur passeport par Londres.

Une coopération a également été mise en place entre les polices des pays participants à la compétition. Lundi, cent quatre-vingts policiers étrangers sont ainsi arrivés en France pour aider à traquer les hooligans. Une cinquantaine doivent être affectés au Centre de coopération policière internationale à Lognes (Seine-et-Marne). Les 130 autres seront déployés dans les dix villes hôtes « en renfort » de la police française.

Sur la phase de poules, cinq matchs ont été identifiés comme particulièrement risqués : Angleterre-Russie (11 juin à Marseille), Turquie-Croatie (12 juin à Paris), Allemagne-Pologne (16 juin au Stade de France), Angleterre-Pays de Galles (16 juin à Lens) et Ukraine-Pologne (21 juin à Marseille).

A Marseille, où deux de ces rencontres doivent donc se tenir, la fan-zone de 80 000 places sera scindée en deux pour séparer les supporteurs des deux équipes adverses, chacun disposant de leur propre écran géant.

  • Drones

Extrait de l’enquête du Monde :

« Pour l’Euro, le scénario qui hante les forces de l’ordre est celui d’un drone d’épandage dispersant un produit toxique sur une tribune pendant un match. Le 4 avril, à 9 h 40 précisément, ce type d’attaque chimique a été simulé au stade Geoffroy-Guichard, à Saint-Etienne, l’un des dix sites qui accueilleront la compétition de football. L’exercice, parmi les plus importants réalisés avant le tournoi sportif, a mobilisé plus de 700 personnes et nécessité l’installation d’un sas de décontamination. “Même si de l’eau ou de la farine étaient pulvérisées, ce serait la panique, tout aussi dévastatrice. Rappelez-vous ce qui est arrivé en 1985 au stade du Heysel, à Bruxelles, les spectateurs se marchaient dessus”, rappelle un officiel. »

Pendant l’Euro 2016, le ciel sera sous la protection du général de l’armée de l’air Jean-Jacques Borel, 56 ans, qui fut l’un des patrons de l’opération Serval, au Mali, en 2013. Depuis la base 942, située au nord de Lyon, dans les monts d’Or, il aura la possibilité d’ordonner l’intervention d’avions de combat.

Euro 2016 : quel dispositif de sécurité pour lutter contre le terrorisme et les hooligans ?
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