Les heurts ont éclaté lorsque 800 policiers sont venus déloger un millier d’enseignants qui bloquaient une route d’Asunción Nochixtlán. | STR / AFP

De violents affrontements ont fait six morts, dimanche 19 juin, dans le sud du Mexique, lors d’une manifestation d’enseignants qui protestaient contre une série de réformes du système éducatif.

Les heurts ont éclaté lorsque quelque 800 policiers sont intervenus pour déloger un millier d’enseignants qui bloquaient depuis une semaine une route d’Asunción Nochixtlán, dans l’Etat touristique de Oaxaca, avec l’aide d’une centaine d’étudiants et d’autres sympathisants, dont des parents d’élèves. Des groupes d’hommes non identifiés ont ouvert le feu contre les civils et les policiers.

Un journaliste tué

Le gouverneur de l’Etat, Gabino Cue, et le chef de la police fédérale, Enrique Galindo, ont précisé, au cours d’une conférence de presse, que les six personnes mortes étaient des civils.

Cinquante-trois autres citoyens mexicains, ainsi que 41 agents fédéraux et 14 policiers locaux, ont été blessés au cours des violences. La plupart sont dans un état « critique », selon un responsable de la sécurité publique, Jorge Alberto Ruiz. Huit policiers ont été blessés par balle et 21 personnes ont été arrêtées, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, deux autres personnes, dont un journaliste, ont été tuées à proximité d’une scène de pillage d’un magasin au milieu d’affrontements à Juchitán de Zaragoza, une autre localité de l’Etat de Oaxaca, où se sont étendus les affrontements.

« Il s’agit d’un reporter du quotidien El Sur, Elidio Ramos Zárate, connu sous le pseudonyme de Guillermo “Parie” » et d’une personne qui l’accompagnait, a déclaré le maire de la municipalité, Saul Vicente Vazquez. Les autorités étaient incapables de préciser si ces deux autres personnes faisaient partie des six morts.

Blessures par balle

Des groupes d’hommes non identifiés ont ouvert le feu contre les civils et les policiers. | STRINGER / REUTERS

Au cours des heurts, des manifestants ont jeté des pierres et des cocktails molotov et brûlé des véhicules. Les forces de l’ordre ont quant à eux tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants, des enseignants de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE). Des journalistes de l’agence AP ont également rapporté que la police avait ouvert le feu.

Le gouvernement fédéral mexicain avait d’abord déclaré, dimanche, que certains policiers avaient été blessés par balle, alors que ses policiers ne portaient pas d’arme.

« Les attaques armées venaient de certaines personnes en dehors des blocages qui ont tiré sur la population et la police fédérale. »

Mais des images filmées par AP montraient au moins un policier tirant à plusieurs reprises avec une arme, sans qu’il soit possible de déterminer s’il s’agissait d’un policier fédéral ou local. Dans la soirée, le chef de la police fédérale a fait savoir qu’il avait envoyé des officiers armés après que ses agents ont eu à affronter des tirs.

Blocages

Les heurts continuaient dimanche dans plusieurs villes du sud du Mexique, notamment au sud d’Oaxaca, à San Pablo Huitzo ou encore à Santiaguito, où des manifestants ont brûlé plusieurs installations de police.

Depuis plusieurs semaines, les syndicats enseignants ont bloqué rues, centres commerciaux et voies de chemins de fer dans l’Etat de Michoacan, dans l’ouest du Mexique, et empêché les bus de partir pour Oaxaca. Un campement s’est également établi sur la grande place de Oaxaca.