Téléfilm sur Arte à 20 h 55

Danbé, la tête haute - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31

Adapté d’une histoire vraie, le téléfilm de Bourlem Guerdjou porte toute l’énergie des personnages qu’il met en scène.

Les images de bonheur qui ouvrent le téléfilm de Bourlem Guerdjou sont éphémères. Et néanmoins essentielles pour appréhender l’étendue du drame qui va advenir et la bascule qui va s’opérer dans la vie de ses survivants. Paris, 1986, dans son petit appartement de Ménilmontant, à Paris, la famille Cissoko vient de passer une soirée ordinaire. Après le dîner et le rituel des rires et des papouilles, Aya Cissoko, 8 ans, a fini par aller se coucher. Quelques minutes plus tard, un incendie se déclare, dans lequel vont disparaître son père et sa sœur.

Commence alors pour la petite fille un long cheminement au cours duquel elle va devoir se construire, avec la douleur qui ne trouve pas les mots, la rage qu’il faut retenir et l’envie de vivre malgré tout. Têtue, acharnée, le combat chevillé au corps, Aya choisit, très jeune et malgré la désapprobation de sa mère, de pratiquer la boxe. Sur le ring, elle peut cogner, se blesser, saigner, inscrire dans la chair la souffrance qu’on ne l’autorise pas à dire. Elle y trouvera le chemin vers la résilience et la victoire : en 1999 et 2003, elle est sacrée championne du monde amateur de boxe française, puis de boxe anglaise en 2006.

Assa Sylla (Aya Cissoko, 16 ans) et Bruno Lochet (Jeannot). | THIERRY VALLETOUX / © Thierry Valletoux

L’histoire d’Aya Cissoko est vraie. Elle l’a racontée dans un livre, Danbé (Calmann-Lévy, 2011), qu’elle a coécrit avec Marie Desplechin, tant il était difficile de libérer seule une parole longtemps empêchée. « Toute ma vie, j’avais appris à encaisser les coups sans rien dire, comme à la boxe où il ne faut jamais se découvrir sous peine de devenir une cible pour l’adversaire, explique-t-elle. Il fallait que je rompe avec cette règle. »

« Une vie incroyable qui intimide »

Son récit autobiographique a fait l’objet, en 2014, d’un téléfilm dans lequel elle a veillé à ce que soient respectées deux ou trois choses. Notamment que puisse apparaître à l’écran la beauté du geste dans la boxe et que les personnages parlent le bambara, la langue nationale du Mali, pays de ses parents et de ses racines à elle. « C’est ma vie, et je voulais que le film rende justice à ceux qui y ont joué un rôle considérable », souligne Aya Cissoko.

Si l’adaptation du livre à l’écran lui a paru, dès sa lecture, une évidence, elle a suscité des inquiétudes chez le réalisateur (et coauteur avec Pierre Linhart du scénario), Bourlem Guerdjou : « Au départ, il y avait un récit de vie incroyable qui intimide, tellement il apparaît bigger than life [plus grand que la vie]. Comment éviter que la fiction n’altère l’authenticité de ce récit et sa pudeur constante ? Comment être à la hauteur des personnes (personnages) habitées par le fameux danbé, cette dignité qui fait garder la tête haute en pleine tempête ? » Eh bien, comme le révèle son film : en soutenant une constante sobriété dans la réalisation, en privilégiant les plans rapprochés sur les visages et un montage serré qui limite la dispersion du récit.

Cette vigilance et ce souci de retenue portée sur la forme ont permis d’ajuster le propos et de le concentrer sur la relation complexe, à la fois âpre et aimante, qu’entretiennent les personnages centraux du film (Aya et sa mère). Tout cela n’aurait pas été possible sans des interprètes irréprochables. Tatiana Rojo (Massiré, la mère), Annabelle Lengronne (Aya, 28 ans), Assa Sylla (Aya, 16 ans), Médina Diarra (Aya, 8 ans) le sont. Au point de continuer à nous poursuivre longtemps après la fin du film.

Danbé, la tête haute, de Bourlem Guerdjou.Avec Tatiana Rojo, Annabelle Lengronne, Bruno Lochet (Fr., 2014, 85 min). Le vendredi 10 juin à 20 h 55 sur Arte. Rediffusions le vendredi 17 juin à 2 h 30 et le dimanche 10 juillet à 10 h 15. Sur Arte+7 du 10 juin au 18 juin.

Affiche de « Danbe, la tête haute ». | DR