L’ancien ministre du tourisme brésilien, Henrique Alves,  discute avec le chef de cabinet du président, Eliseu Padilha (à gauche), le 7 juin à Brasilia. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

Un troisième ministre du gouvernement brésilien par intérim de Michel Temer – au pouvoir depuis moins d’un mois – a démissionné jeudi 16 juin après avoir été accusé d’être impliqué dans le scandale de corruption Petrobras.

Le ministre du tourisme, Henrique Alves, est accusé d’avoir reçu 1,55 million de reais (près de 400 000 euros) de pots-de-vins de la part de Sergio Machado, ex-président de Transpetro, une filiale du géant public pétrolier.

Dans des déclarations rendues publiques mercredi, l’ancien dirigeant de Transpetro raconte, dans le cadre d’un accord passé avec la justice pour réduire sa peine, avoir donné des pots-de-vin à M. Temer lui-même et à plus d’une dizaine d’hommes politiques, dont le ministre du tourisme, forcé à démissionner, et l’actuel président du Sénat, Renan Calheiros.

Henrique Alves a démenti les accusations et a déclaré mercredi soir que les contributions à ses campagnes avaient été faites dans les règles et avaient été déclarées aux autorités. « Je ne veux pas créer de gêne ou de difficultés pour le gouvernement », a assuré M. Alves dans une lettre adressée au président par intérim, expliquant qu’il quittait ses fonctions pour mieux se défendre des accusations dont il fait l’objet.

Sa démission accroît encore les difficultés que connaît le ministère du Tourisme à l’approche des Jeux olympiques de Rio, qui s’ouvrent le 5 août. La campagne de marketing mondiale de l’événement a été repoussée de plusieurs mois à cause de la valse ministérielle que connaît Brasilia.

Michel Temer de plus en plus fragilisé

M. Temer, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre droit), a pris le pouvoir le 12 mai, après la mise à l’écart provisoire par le Sénat de Mme Rousseff pour maquillage des comptes publics. La présidente de gauche considère son vice-président comme un « traître » ayant ourdi un « coup d’Etat » parlementaire.

Au cours des vingt premiers jours de gouvernement, M. Temer avait déjà dû essuyer le départ de son puissant ministre de la planification, Romero Juca. Le ministre affirmait dans des enregistrements, réalisés à son insu par M. Machado, qu’il fallait « changer de gouvernement » pour « freiner l’hémorragie » provoquée par l’enquête judiciaire sur l’affaire Petrobras, qui a déjà conduit en prison de nombreux hommes d’affaires et responsables politiques.

Quelques jours après, c’était au tour du ministre de la transparence, Fabiano Silveira, de démissionner, lui aussi enregistré par M. Machado en train de critiquer l’enquête.

Jeudi, Michel Temer a qualifié de « légères et mensongères » les accusations de corruption faites à son encontre par l’ex-président de Transpetro. « Je ne vais pas tolérer de telles affirmations », a déclaré M. Temer, visiblement irrité, dans une allocution télévisée au palais présidentiel.