David Cameron à Londres, le 30 mai. | POOL / REUTERS

A trois semaines du référendum du 23 juin sur le maintien (« in ») ou la sortie (« out ») de l’Union européenne, David Cameron présente, jeudi 2 juin au soir, sa première grande plaidoirie télévisée contre le Brexit. A 20 heures locales (21 heures, heure de Paris) et pour une heure, le premier ministre britannique est invité par la chaîne privée SkyNews à répondre aux questions de deux journalistes puis d’un échantillon d’électeurs répartis en trois catégories : pro-UE, anti-UE et indécis.

Il ne s’agit pas d’un débat car le premier ministre n’a pas souhaité étaler les divisions des conservateurs en faisant face à l’un de ses camarades de parti qui mène campagne contre lui en faveur du Brexit. D’autant que, outre l’ancien maire de Londres Boris Johnson, les leaders de la campagne du « out » appartiennent à son propre gouvernement. Le ministre de la justice, Michael Gove, fervent partisan du Brexit, doit ainsi participer à une émission analogue mais distincte de SkyNews vendredi à la même heure.

Le seul face-à-face que M. Cameron a accepté pour l’instant est celui qui doit l’opposer, mardi, sur la chaîne ITV à Nigel Farage, le chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, anti-européen et xénophobe). Le premier ministre considère sans doute M. Farage comme un extrémiste capable d’effrayer l’électeur. Mais le bouillonnant et incontrôlable patron de l’UKIP est aussi un redoutable débatteur dont l’objectif obsessionnel depuis des années est la sortie de l’UE.

L’apparition de M. Cameron jeudi intervient à un moment crucial de la campagne. Mercredi, pour la première fois, un sondage réalisé par téléphone, méthode systématiquement plus favorable au « in » que les questionnaires en ligne, a donné la majorité au « out » : 52 % contre 48 %, une fois exclus les indécis (entre 9 et 13 %). Le résultat, strictement conforme à celui de l’enquête effectuée parallèlement en ligne, tranche avec celui enregistré voici seulement deux semaines par le même institut, qui donnait le « in » gagnant à 55 % contre 45 %.

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Ces chiffres ont jeté un froid sur la campagne du « in » conduite par M. Cameron qui, ces derniers jours, se montrait sûr de sa victoire « sur l’argument économique ». Toutes les grandes institutions économiques et financières du pays – Banque d’Angleterre, Trésor, etc. – ont rendu publiques des prévisions alarmantes en cas de rupture avec l’UE. Mais cette « stratégie de la peur » dénoncée par le camp du « out » semble ne pas avoir montré son efficacité.

L’immigration au centre de la campagne

Le thème de l’immigration, l’un des grands déterminants du vote, est désormais au centre de la campagne des partisans du Brexit. Ces derniers dénoncent l’incapacité de M. Cameron à tenir sa promesse de réduire les flux à moins de 100 000 personnes par an. Ils mettent l’argument de la récente publication des statistiques de l’immigration reflétant une hausse des flux – 330 000 personnes en 2015 dont 184 000 issues de l’UE – et assurent que seule la sortie de l’UE permettra de contrôler l’arrivée de migrants européens qui seraient alors privés de la liberté de circulation.

Le premier ministre, qui a brandi la menace d’une montée de l’insécurité, voire du retour de la guerre en Europe en cas de Brexit, et a affirmé que Vladimir Poutine s’en réjouirait, est aussi accusé d’utiliser des arguments outranciers, lui qui voici quatre mois encore menaçait de faire campagne pour la sortie de l’UE s’il n’obtenait pas satisfaction dans ses demandes de réformes à Bruxelles.