Concert sur Arte à 18 h 30

Le buste de Johannes Brahms dans la ville allemande de Detmold, où il séjourna de 1857 à 1859. | Bernd Sieker/CC BY-SA 2.0

Dans une usine, une caméra fixée à une grue filme en plan-séquences la « Symphonie n° 2 » du compositeur allemand (dimanche 29 mai à 18 h 30 sur Arte).

En découvrant les constituants d’acier, de brique et de béton de l’usine berlinoise où a été filmée cette exécution de la Symphonie n° 2 en ré majeur opus 73 de Brahms, on se dit que la futuriste Symphonie des sirènes (1922), d’Avraamov, ou les vrombisssantes Fonderies d’acier (1926), de Mossolov – deux compositeurs russes « motoristes » –, auraient mieux convenu au lieu.

Mais Arte est Arte qui, par peur d’ennnuyer son public, s’efforce de poser un regard décalé et un peu snob sur la musique classique et n’hésite pas à filmer des opéras dans des gares ou des aéroports.

Mendelssohn: Violin Concerto in D Minor / Kopatchinskaja
Durée : 03:09

On a même vu, le 10 avril, le Concerto pour violon de Mendelssohn, avec Patricia Kopatchinskaja et Teodor Currentzis, dont la musique était plusieurs fois interrompue pour laisser place à un entretien (passablement délirant) avec la violoniste et le chef d’orchestre.

Ce film n’a rien d’aussi outrageant et extrémiste. Il est même d’une grande sagesse, à l’image de la très classique et un peu ennuyeuse interprétation de l’Orchestre symphonique allemand de Berlin dirigé par le chef russe Tugan Sokhiev.

Promesse non tenue

L’intérêt présumé qu’il pourrait susciter vient du projet crânement affiché par Arte : « Quand la prouesse technique rencontre la virtuosité musicale : un seul plan-séquence pour la Symphonie n° 2 de Brahms. » Mais la promesse n’est pas tenue : si chaque mouvement est bien filmé d’un seul trait, sans relais passé d’une caméra à une autre, comme dans les captations « classiques » de concert symphonique, chaque début de mouvement inaugure un nouveau plan-séquence, démarré « cut » sur l’attaque de l’orchestre.

Dans les premières minutes, cette caméra-grue sinueuse qui, tel un drone, surplombe l’orchestre et épouse les courbes voluptueuses du phrasé brahmsien, semble musicale. On fait un petit tour du côté des contrebasses qui s’agitent, on rend visite au hautbois et au cor quand ils ont un solo, on remonte pour un plan large, on pique vers les violons avec un coup d’œil appuyé sur le chef.

Mais quarante et quelques minutes de ce procédé et de plans planants finissent par lasser et, surtout, par donner le mal de l’air.

Symphonie n° 2 en ré majeur opus 73, de Johannes Brahms. Par l’Orchestre symphonique allemand de Berlin, dir. Tugan Sokhiev (All., 2015, 43 min).