Le congrès annuel des édiles touche à sa fin après trois jours de débats et de conférences sur les problématiques locales en France. | WITT/SIPA / SIPA

Ils sont presque 10 000 à se réunir, chaque jour depuis le 31 mai et jusqu’au 2 juin, au parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Au programme, un double rendez-vous. Le 99e congrès annuel de l’association des maires de France, unique rencontre nationale des édiles du pays ; et le salon des maires et des collectivités locales (SMCL), c’est-à-dire le volet économique du congrès, où les professionnels de la commande publique rencontrent l’exécutif local.

Dans quel but et pour quels objectifs ? Tandis que les candidats déclarés à l’élection présidentielle viennent chercher des parrainages ou des appuis, les maires dressent un état des lieux de la situation, défendent l’intérêt des collectivités territoriales et transmettent leurs demandes au gouvernement.

Qu’est-ce que le congrès des maires de France ?

Fondée en 1907 par Paul-Emile Sarradin, alors maire de Nantes, l’association des maires de France et présidents d’intercommunalité (AMF) est la seule association d’élus possédant une section dans tous les départements du pays, accueillant les édiles « sans aucune discrimination liée à la taille de la commune ou au parti politique auquel appartient le maire », note une lettre de l’AMF datant de septembre 2014. Ils sont près de 36 000 maires à faire aujourd’hui partie de l’association.

Bien qu’étant ouvert à toutes les obédiences politiques, la direction de l’AMF a toujours été classée à droite, à l’exception de la présidence d’Alphonse Le Gallo, ancien maire socialiste de Boulogne-Billancourt, de 1964 à 1965. Le maire de Troyes, François Baroin (LR), dirige l’association depuis 2014.

Aux côtés des 103 maires représentant les départements, le but de François Baroin et du comité directeur de l’AMF est de faire remonter les problématiques locales auprès des instances nationales : représenter les élus auprès des ministères, dans tous les domaines touchant de près ou de loin les problématiques des communes (dotations de l’Etat, réformes territoriales ou manque de médecins en zones rurales).

En ce sens, le rendez-vous annuel du congrès (qui se tient normalement à la mi-novembre, mais avait été repoussé en raison des attentats) est essentiel. Il permet d’identifier les problématiques et d’attirer l’attention médiatique.

Des enjeux primordiaux pour les communes

Comme Le Monde l’a déjà souligné, la baisse des dotations de l’Etat est au cœur de ce congrès 2016. Composée de plusieurs sources de financement, la dotation globale de fonctionnement (DGF) s’élevait, dans l’ensemble du pays, à une enveloppe totale de 36,6 milliards d’euros en 2015, tandis qu’elle atteignait 41,5 milliards en 2012. Surtout, un abaissement de 11 milliards supplémentaires est prévu entre 2015 et 2017.

La DGF représente 19 % des recettes réelles d’une commune : la perte est donc conséquente pour les collectivités en termes de possibilité d’investissement. Pour François Baroin, les maires veulent « la levée de cette guillotine. Ils attendent donc un geste fort du président de la République », expliquait-il dans un entretien à La Tribune. Devant s’exprimer ce jeudi devant les maires, François Hollande devrait faire un « geste » à destination des maires : un étalement plus long de la baisse des dotations ou une réduction de celle-ci. Tout en conservant, sur le fond, le principe de l’affaiblissement des budgets. « Le président de la République ne veut pas remettre en cause les équilibres budgétaires pour l’année prochaine », expliquait le ministère de l’économie au Monde.

Mais la baisse des dotations n’est évidemment pas l’unique enjeu du rendez-vous : à l’ouverture du congrès, la principale problématique abordée fut les déserts médicaux dans certaines zones rurales, puisque près de 2,5 millions de Français vivent sans médecin à proximité. Pour faire chuter ce chiffre, l’assurance-maladie a récemment proposé de verser une somme forfaitaire de 50 000 euros aux médecins s’installant dans les zones rurales.

Le financement de la réforme des rythmes scolaires est également un sujet de discussion avec le gouvernement, comme l’a souligné François Baroin dans un entretien au Parisien. « La revendication des maires ne porte pas sur la remise en cause de la réforme, mais sur son financement. On ne peut pas demander à des petites communes rurales de porter à bout de bras un aménagement de cette nature, sans accepter son prix réel », explique-t-il, soulignant la nécessité d’obtenir une enveloppe de 640 millions d’euros.

Discours d’introduction de François Baroin, président de l’association des maires de France (AMF), le 31 mai. | JOEL SAGET / AFP

Les politiques à la recherche d’appuis

Pour débattre des sujets du moment, le salon des maires accueille donc, chaque année, les représentants du gouvernement. Cette édition 2016 fut pourtant particulière : à un an de l’élection présidentielle, de nombreux candidats déclarés (ou non) sont venus chercher un appui chez les édiles locaux.

François Hollande, qui clôture le congrès, devra évidemment défendre son bilan et la baisse des dotations de l’Etat aux localités. Avant lui, des candidats à la primaire des Républicains, comme Alain Juppé ou François Fillon, ou bien la présidente du Front national, Marine Le Pen, étaient venus apporter leur soutien aux maires de France.