Le crash de l’A320 d’EgyptAir, qui s’est abîmé en Méditerranée jeudi 19 mai pour une raison encore inconnue, risque de peser sur l’industrie du tourisme égyptien. Ce secteur clé de l’économie – 11,4 % du PIB en 2014 et 2,6 millions d’emplois directs et indirects – souffre depuis la révolution de 2011 qui a conduit au départ de Hosni Moubarak, de l’instabilité politique du pays et des menaces d’attentats. Le contexte régional marqué par la crise libyenne et la montée du risque terroriste également en Tunisie contribue aussi à éloigner les voyageurs de la zone.

Le site du ministère des affaires étrangères français met en garde contre la recrudescence des attaques terroristes « visant des personnes ou des intérêts étrangers » sur l’ensemble du territoire et déconseille les déplacements sur une grande partie du territoire – péninsule du Sinaï à l’exception de la bande côtière qui va de Charm El-Cheikh à Taba, moyenne Egypte au nord de Louxor, delta du Nil…

Sous la barre des 9 millions de touristes

En l’espace de cinq ans, les revenus du secteur touristique sont passés de 12,5 milliards de dollars en 2010 à 5,6 milliards en 2015, soit une chute de près de 45 %. En 2015, le secteur a continué de débaucher et le nombre de touristes proche de 15 millions en 2010 est passé sous la barre des 9 millions en 2015.

En octobre 2015, l’attentat revendiqué par la branche égyptienne de l’organisation Etat islamique contre un avion de touristes russe au départ de la station balnéaire de Charm El-Cheikh avait, avec la mort de ses 224 occupants, signé l’épisode le plus sanglant de la récente série d’attentats.

Les difficultés du secteur sont cependant plus anciennes. Depuis la fin des années 1990, les sites touristiques sont une des principales cibles choisies par les groupes terroristes pour déstabiliser le pouvoir. En 1997, l’attaque spectaculaire perpétrée sur le site du temple de la reine Hatshepsout, près de Louxor, avait inauguré une longue période de désamour entre les touristes occidentaux et l’Egypte. Ceux-ci avaient peu à peu déserté la vallée du Nil puis les rives de la mer Rouge, avec ses cités balnéaires de Hurghada et de Charm El-Cheikh.

Le renforcement des mesures de sécurité et l’effondrement des prix pratiqués par les tour-opérateurs allant, au pire de la crise, jusqu’à proposer dans leur formule « tout compris » une semaine supplémentaire pour « un euro de plus », avaient permis au pays de commencer à remonter la pente. Pas assez cependant pour retrouver des niveaux d’activité comparables aux meilleures années.

Pour 2016, le World Travel & Tourism Council (WTTC), l’organisation mondiale des professionnels du tourisme, prévoyait une augmentation de 1 % de l’activité touristique en Egypte sans pour autant inverser la courbe des destructions d’emplois. C’était avant la disparition de l’A320 d’EgyptAir.