Donald Trump a plaidé, mercredi 15 juin, pour la surveillance des mosquées, et a de nouveau proposé d’interdire provisoirement aux musulmans d’émigrer aux Etats-Unis. | CHRISTOPHER ALUKA BERRY / REUTERS

La primaire républicaine a pris fin le 3 mai, lorsque Donald Trump a remporté la primaire de l’Indiana. Mais, depuis cette date, le milliardaire n’a pas réussi à se transformer en candidat capable d’unifier le Parti républicain et d’enclencher la campagne pour l’élection de novembre. Au contraire, il piétine. Et ce n’est pas sa réponse à l’attentat d’Orlando qui semble de nature à le relancer. Elle n’apparaît pas à la hauteur des attentes des Américains.

Donald Trump a ainsi plaidé, mercredi 15 juin, pour la surveillance des mosquées, et a de nouveau proposé d’interdire provisoirement aux musulmans d’émigrer aux Etats-Unis. Mais plusieurs dirigeants du Parti républicain se sont aussitôt démarqués de lui, comme Paul Ryan, président de la chambre des représentants, ou le sénateur Lindsey Graham, qui s’est dit « troublé ». D’autant que le candidat a encore ajouté, mardi, que les musulmans « ne parvenaient pas à s’assimiler aux Etats-Unis ».

Un sondage CBS, mené les 13 et 14 juin auprès de 1 001 adultes à travers les Etats-Unis, indique que les positions du candidat ne rencontrent qu’un écho limité : 62 % des Américains estiment que les Etats-Unis ne devraient pas « interdire provisoirement aux musulmans d’émigrer aux Etats-Unis », 31 % le pensent (79 % des électeurs démocrates, 62 % des indépendants sont contre et 56 % des électeurs républicains sont en faveur de cette interdiction).

Surveillance et interdiction d’entrée

Un sondage Bloomberg, mené auprès de 1 000 Américains âgés de plus de 18 ans, indique (page 11 du document PDF) que les projets de surveillance des musulmans prônés par le candidat républicain ne sont pas très bien reçus. Seuls 27 % des sondés y sont favorables et 69 % y sont opposés. Ce même sondage indique que la proposition d’interdire temporairement l’entrée des Etats-Unis aux musulmans « dérange beaucoup » 51 % des Américains, et « dérange un peu » 15 % des sondés. Cette proposition n’en « dérange pas » 34 %.

De même, le sondage de CBS indique que 44 % des Américains approuvent la manière dont le président Barack Obama a répondu à l’attentat d’Orlando, (34 % désapprouvent et 22 % n’ont pas d’avis). Concernant les deux candidats, 36 % des Américains approuvent la réaction d’Hillary Clinton (34 % désapprouvent et 30 % n’ont pas d’avis), 25 % approuvent la réponse de Donald Trump (51 % désapprouvent et 24 % n’ont pas d’avis).

Victime de son propre jeu, M. Trump est dans une période où il règle ses comptes avec le juge Gonzalo Curiel (qui instruit, à San Diego, le procès lié à des allégations de fraude à l’encontre de la Trump University) ; avec Susana Martinez, la gouverneure du Nouveau-Mexique (qui avait apporté son soutien à Marco Rubio). Il a aussi affublé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren du sobriquet de « Pocahontas » ; interdit au Washington Post de suivre sa campagne ; et, dans la foulée de l’attentat d’Orlando, insinué que Barack Obama avait d’éventuelles sympathies pour l’idéologie islamiste.

Trump conserve une mauvaise image

Il n’a pas réussi à tirer parti du rapport de l’inspecteur général du département d’Etat, qui a critiqué les pratiques des chefs de la diplomatie américaine depuis le début des années 2000 – de Colin Powell à John Kerry, en passant par Hillary Clinton – en matière de communications par courriels. Lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, Hillary Clinton « utilisait des appareils mobiles pour des activités officielles et a largement eu recours à un compte email personnel sur son serveur privé », critique l’organe administratif américain.

L’impact de ces dérapages sur place du candidat est évident : un sondage Washington Post/ABC, mené du 8 au 12 juin auprès de 1 000 Américains, montre que Trump conserve une mauvaise image : 70 % des Américains ont une image « défavorable » du candidat (55 % « seulement » ont une image « défavorable » de la candidate démocrate). Cette proportion atteint 89 % chez les électeurs « hispaniques », 88 % chez les « non blancs » et 59 % chez les électeurs « blancs », lesquels sont censés lui être favorables.