Echantillons sanguins au Laboratoire national de dépistage du dopage à Châtenay-Malabry, en décembre 2015. | FRANCK FIFE / AFP

Les jours se suivent et se ressemblent. A la veille de la décision de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) portant sur l’exclusion des athlètes russes pour les prochains Jeux olympiques, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a communiqué les fruits de son enquête en Russie. Si la décision devrait être retentissante dans le monde de l’athlétisme, l’AMA n’a pas hésité à enfoncer le clou à quelques heures de la décision.

Parmi les 2 947 contrôles antidopage réalisés entre le 18 novembre 2015 et le 29 mai 2016, 52 résultats se sont révélés anormaux, dont 49 dus au seul meldonium, ce médicament qui a déjà fait tomber Maria Sharapova.

Mais plus que le résultat c’est le bon déroulement de l’enquête qui est dénoncé par l’AMA dans son rapport. Il a été impossible de mener 736 contrôles antidopage en Russie depuis novembre 2015, un ratio très important au regard des tests complétés dans la même période.

L’Agence britannique antidopage, mandatée par l’AMA pour surveiller les efforts russes, n’a pu en faire que 455, L’IAAF, 655.

Des intimidations face aux contrôles

Le rapport souligne entre autres une coopération parfois limitée des autorités russes. L’AMA écrit que « des agents armés du FSB [les services secrets russes] ont menacé d’expulser du pays des contrôleurs ».

Ces scènes se sont passées en Russie, dans des villes de garnison, « souvent choisies » comme lieu de résidence par de nombreux sportifs russes obligés de se géolocaliser conformément au code mondial antidopage, afin que les contrôleurs puissent les trouver.

Ces villes de garnison ont la particularité d’être difficiles d’accès. « Les sportifs savent qu’il est nécessaire d’obtenir des autorisations spéciales pour y pénétrer », écrit l’AMA. Une mauvaise coopération justifiée par une coordination hasardeuse. L’accès à ces villes a été demandé en février 2016. « Au 27 mai, l’Agence russe antidopage [Rusada] en a garanti l’accès mais aucun document officiel n’a été fourni par le ministère des sports », explique l’AMA. Dès lors, les contrôleurs qui s’y aventurent sont victimes « d’intimidations ».

Le dopage comme coutume

Ces menaces témoignent des difficultés rencontrées par l’AMA à évaluer les progrès de la Russie en matière de lutte contre le dopage. Car le portrait dressé reste celui d’un pays qui est loin d’en avoir fini avec cette culture.

L’AMA cite ainsi l’exemple d’un « laboratoire analytique opérationnel » présent sur les lieux du championnat national d’haltérophilie. Il comportait « une centrifugeuse et d’autres équipements d’analyses en action et les sportifs y allaient librement », écrit l’Agence internationale.

De même, « un certain nombre de laboratoires accrédités par l’AMA (et chargés d’analyser les échantillons prélevés en Russie) ont constaté que les boîtes d’expédition contenant les échantillons avaient été ouvertes par les douanes russes ».

La semaine s’annonce donc décisive pour un pays qui a accueilli les Mondiaux d’athlétisme en 2013, les Jeux olympiques d’hiver en 2014 et qui accueillera la Coupe du monde de football en 2018.