Duncan Smith, fonctionnaire à la mairie d'Edimbourg et membre du syndicat Unison, favorable au « Brexit ». | JB Chastand / Le Monde

Ce jeudi soir de début juin, ils ne sont que trois syndicalistes à être venus écouter le débat sur l’Union européenne organisé par le syndicat Unite dans les locaux de son siège écossais, à Edimbourg. Un des deux intervenants attendus, le secrétaire général adjoint de la confédération écossaise des syndicats, en faveur du maintien dans l’UE, a même oublié de venir. Le débat tourne vite à la discussion entre amis.

Fonctionnaire à la mairie d’Edimbourg, Duncan Smith, 63 ans, est très intéressé. Membre du syndicat de fonctionnaires Unison, il fait partie de la minorité des syndicalistes britanniques qui prônent la sortie de l’UE. « La plupart des chefs d’entreprises veulent rester, c’est un signe », explique ce militant du Parti socialiste des travailleurs, une formation trotskiste. L’hebdomadaire du parti qu’il distribue appelle à « casser le club des patrons », cette UE qui « attaque les réfugiés » et les « travailleurs ».

Cette ligne est à l’opposé de celle des dirigeants syndicaux, qui considèrent, que l’UE permet au contraire de protéger les droits des travailleurs britanniques, surtout face aux volontés de libéralisation du Parti conservateur au pouvoir. Duncan Smith conteste fermement ces arguments : « Avec l’UE, si on élit un gouvernement de gauche, il ne pourra pas investir dans les services publics car cela ira contre les règles européennes, il ne pourra pas non plus renationaliser les chemins de fer. »

« Avec l’UE, un gouvernement de gauche
ne pourra pas investir dans les services publics »

Selon lui, les récentes coupes budgétaires ont entraîné la suppression de 1 000 emplois publics sur les 19 000 de la commune d’Edimbourg. La seule chose qui l’ennuie est de faire campagne pour la sortie avec l’aile la plus dure des conservateurs, également eurosceptique. « Mais bon, tactiquement, on voit bien que le Parti conservateur est en guerre », se réjouit-il au sujet des divisions entre le premier ministre pro-UE David Cameron et l’ancien maire de Londres Boris Johnson, partisan du « Brexit ».

Il se veut rassurant pour les travailleurs européens qui pourraient perdre leur statut en cas de « Brexit ». « Je ne pense pas qu’ils seront expulsés, ce n’est pas dans l’intérêt des patrons, ils font du profit grâce à eux », assure-t-il. À la tribune, l’orateur favorable au « Brexit » vient carrément d’assurer que « l’immigration renforce la baisse des salaires ». « Si vous êtes un employeur et que vous devez choisir entre un chômeur de longue durée et un Européen de l’Est surdiplômé, c’est évident que vous allez choisir le second », explique-t-il, regrettant que le « Labour ne réponde pas à cette question et pousse ainsi certaines personnes vers [le parti europhobe et anti-immigration] UKIP ».