Donald Trump a décidé d’utiliser l’épisode de la messagerie personnelle d’Hillary Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’Etat. | KENA BETANCUR / AFP

La course vers l’élection présidentielle américaine du 8 novembre a réellement commencé dans la soirée du 7 juin. C’en est terminé pour Bernie Sanders, même si le candidat démocrate a promis de rester en course jusqu’à la convention démocrate de Philadelphie, du 25 au 28 juillet. Les choses sérieuses commencent entre Donald Trump et Hillary Clinton.

  • Trump attaque Clinton

Dans un discours d’une quinzaine de minutes prononcé à Briarcliff, dans l’Etat de New York, Trump s’en est pris vivement à Hillary et Bill Clinton.

« Les Clinton ont fait de la politique de l’enrichissement personnel une forme d’art. »

Il a surtout décidé d’utiliser la polémique qui n’en finit pas sur le fait qu’Hillary Clinton a utilisé sa messagerie personnelle lorsqu’elle était secrétaire d’Etat. Selon lui, elle l’a utilisée pour « dissimuler » des accords privés, et a promis de dénoncer les turpitudes du couple Clinton dans un discours qui sera entièrement consacré à ce sujet lundi 13 juin. Il s’est interrogé sur la volonté de la presse d’assister à ce discours.

  • Trump se veut rassembleur

Pour Trump, candidat « présumé », il s’agit de se montrer « présidentiable ». Le site Politico note que Donald Trump a fêté les victoires de mardi lors des dernières primaires républicaines de manière moins emphatique que prévu. Après une semaine de controverses autour du juge Gonzalo Curiel, il a décidé de faire profil relativement bas. Il a dévoilé ses nouvelles « punchlines » destinées à celle qui est désormais son adversaire.

Signe de sa volonté de lutter contre sa nature exubérante, il a lu un texte défilant sur un prompteur, plutôt que d’improviser. Pourtant, depuis plusieurs mois, il attaquait ses opposants qui en utilisaient, note Politico et il raillait Hillary Clinton qui utilise sans vergogne un prompteur lors de ses discours.

« Certains disent que je suis un bagarreur, mais mon objectif est de réunir les gens. Mais si je suis obligé de me battre pour quelque chose qui importe, je ne me défilerai pas et notre pays ne se défilera pas non plus. »

Le milliardaire s’est également tourné vers les supporters de Bernie Sanders, soulignant la nécessité de renverser le système politique de Washington et de rejeter les accords commerciaux internationaux critiqués par le sénateur du Vermont.

 

« Je comprends la responsabilité de porter le flambeau et je ne vous abandonnerai pas », a encore lancé le candidat, pour rassurer les électeurs du GOP qui pourraient être déboussolés par son refus de faire pivoter sa campagne vers un message plus rassembleur et moins porteur de division. Ce qui n’est pas nécessairement acquis : le sénateur Lindsey Graham (Caroline du Sud) a appelé les républicains qui ont apporté leur soutien au magnat de l’immobilier de lui retirer leur soutien après ses propos sur le juge Curiel et les musulmans : « C’est la chose la plus opposée aux valeurs de l’Amérique depuis Joe McCarthy », a-t-il déclaré.

  • « America first »

En conclusion de son discours, il a expliqué ce que signifiait son slogan de campagne « America First » – qui rappelle l’America First Committee, (AFC), le « Comité pour l’Amérique d’abord », un groupe de pression isolationniste qui s’est opposée en 1940-1941 à l’entrée des Etats-Unis dans la seconde guerre mondiale, comme le rappellent les médias américains.

Donald Trump a rappelé que, « lui président », « les Etats-Unis n’entreront jamais dans un conflit, à moins qu’il ne permettre de rendre le pays plus sûr ». En matière commerciale, le slogan « l’Amérique d’abord » signifie que « les travailleurs et les travailleuses américains verront leurs emplois protégés de la compétition internationale déloyale ». Il a aussi assuré qu’il allait « reconstruire les centres urbains qui sont une honte [pour l’Amérique]. Et nous allons prendre soin des Afro-Américains qui ont été tellement malmenés depuis si longtemps ».

« Les ponts sont meilleurs que les murs », a-t-elle lancé en référence au projet du milliardaire de construire un mur à la frontière mexicaine. | Julie Jacobson / AP

  • Clinton tend la main aux électeurs de Sanders

Lors de son discours de victoire, à Brooklyn mardi soir, Hillary Clinton n’a pas directement appelé son rival à se retirer, mais tendu la main à ses électeurs : « La campagne de Bernie Sanders et le débat vigoureux que nous avons eu ont été très bons pour le parti démocrate et l’Amérique », a-t-elle lancé. « Au moment où nous regardons vers l’avant, rappelons-nous ce qui nous unit, a-t-elle ajouté. Nous voulons une Amérique où tout le monde est traité avec respect. »

Au-delà des partisans du sénateur du Vermont, elle a tendu la main en direction des républicains modérés, effrayés par les dérives de Donald Trump. A la différence du candidat républicain, elle a présenté les Etats-Unis comme un pays ouvert à l’immigration et à la diversité. « Les ponts sont meilleurs que les murs », a-t-elle lancé en référence au projet du milliardaire de construire un mur à la frontière mexicaine.