Lors du meeting de campagne de Bernie Sanders, à Santa Monica, le 7 juin. | DAVID MCNEW / AFP

L’échéance était d’importance pour les partisans de Bernie Sanders. Le sénateur du Vermont, très largement devancé dans la course à l’investiture démocrate en vue de la présidentielle de novembre, n’avait cessé de le répéter : il visait la victoire, jeudi 7 juin, dans la primaire de Californie, l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis et le plus grand pourvoyeur de délégués à la convention démocrate de Philadelphie (Pennsylvanie, du 25 au 28 juillet).

Mais si les jours précédant le vote les courbes des sondages rapprochaient un peu plus M. Sanders de sa rivale, Hillary Clinton, lorsqu’il a pris place à la tribune, en fin de soirée à Santa Monica, à l’ouest de Los Angeles, les premiers résultats le donnaient près de 20 points derrière l’ancienne première dame. Alors que ses sympathisants allaient se coucher, le score définitif n’était toujours pas connu, mais les espoirs de voir M. Sanders porter les couleurs du parti s’étaient envolés.

Dans son discours, le sénateur a tenu à remercier le travail de ses partisans, mobilisés jusqu’aux ultimes instants du scrutin. Quelques heures avant la fermeture des bureaux de vote et l’annonce des premières estimations, ils étaient encore nombreux à s’affairer dans son QG de campagne sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles, suivant une mécanique désormais bien rodée.

Au fur et à mesure de l’après-midi, les volontaires réguliers ou occasionnels se sont réparti les différentes missions pour s’assurer que les électeurs enregistrés comme démocrates ou indépendants se rendraient bien aux urnes.

Alan Smith a ainsi fait du porte-à-porte. Depuis cinq jours, ce retraité de 64 ans, qui se présente comme « un indépendant n’ayant jamais voté républicain », a apporté son aide à l’équipe de campagne de Bernie Sanders. « Je le suivais déjà depuis des années. C’est un homme très intègre, un politicien mémorable. J’étais ravi quand il a annoncé sa candidature à l’investiture. »

A ses côtés, un trentenaire commençait à rouspéter doucement après avoir jeté un œil sur son assignation : « Les gars, ça ne va pas être possible : c’est à Beverly Hills. Avec le niveau de sécurité des propriétés là-bas, je ne vais même pas pouvoir accéder au palier… »

« Nous sommes idéalistes, mais pas stupides »

Pour Maanav Sandhe, bénévole de 27 ans, quel que dût être le verdict du jour, l’une des victoires du sénateur du Vermont en Californie a été de privilégier une campagne de terrain plutôt que de miser sur le numérique. « L’interaction avec les gens, l’échange réel sont dans la durée plus efficaces et plus en adéquation avec ce que représente la candidature de Bernie Sanders. »

Lui ne s’est pas laissé abattre par l’annonce, la veille, de la nomination présumée d’Hillary Clinton à l’investiture : « On s’y attendait. Pour certains nous sommes idéalistes, mais nous sommes loin d’être naïfs ou stupides. »

D’autres se sont montrés plus agacés. « C’est honteux de faire une telle déclaration, à la veille d’une journée où six Etats [New Jersey, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Californie, Montana et Nouveau-Mexique] sont appelés à se prononcer, s’est insurgée Kim Gottlieb-Walker, 69 ans. C’est important que les gens puissent s’exprimer en ayant le sentiment que leur voix compte. »

Et de rappeler que la convention de Philadelphie n’a pas pour unique but de déterminer le nom de celui ou celle qui portera les couleurs du parti à la présidentielle : « C’est là aussi que se joue la ligne politique du candidat, souligne Kim Gottlieb-Walker. Une victoire de Bernie Sanders en Californie permettrait d’envoyer un message à Hillary Clinton, de la remettre dans la bonne direction. Qu’importe la nomination. »

Dans le QG de campagne de Bernie Sanders à Hollywood, à Los Angeles. | AUDE LASJAUNIAS/Le Monde.fr

« Profitez-en pour voter selon vos convictions »

Cette « petite musique » s’est fait entendre dans la journée auprès des supporteurs du sénateur du Vermont.

Ronald Reznik, Franco-Américain de 37 ans, a expliqué se battre depuis des mois avec ses proches votant démocrate, enclins à supporter Bernie Sanders, mais prêt à se rallier à la cause de l’ancienne secrétaire d’Etat dont la victoire est annoncée depuis des mois. « Je leur ai tellement répété à quel point cela n’avait pas de sens : si justement quoi qu’il arrive elle brigue l’investiture, profitez-en pour voter avec votre cœur, selon vos convictions. »

Pour lui, en tout cas, le choix est clair depuis longtemps. Comme il le résume, schéma à l’appui :

« On présente Bernie Sanders comme un doux dingue, Hillary Clinton comme une démocrate et Donald Trump comme un républicain. Mais si l’on prête attention aux programmes des uns et des autres, aux discussions que les gens ont entre eux, on réalise que Bernie Sanders est en réalité démocrate, Hillary Clinton est une républicaine modérée et Donald Trump est tout simplement fou. »

A Santa Monica, mardi soir, la ferveur des partisans de Bernie Sanders n’a pas faibli. « Nous allons continuer le combat ! », a lancé, sous les applaudissements, le sénateur du Vermont à la tribune. Et de donner rendez-vous à Hillary Clinton à Philadelphie.