Une voiture de police incendiée en marge de la manifestation à Paris
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Une voiture de police, abandonnée à la hâte par les deux agents qui l’occupaient, a été incendiée à Paris mercredi 18 mai, vers midi et demi, près de la place de la République où se tenait une manifestation contre la « haine anti-flics » à l’appel des syndicats de police. Le parquet de Paris a annoncé en début d’après-midi l’ouverture d’une enquête pour tentative d’homicide volontaire.

Cent à 150 contre-manifestants, repoussés un peu plus tôt de la place par des gaz lacrymogènes – la manifestation prévue contre les violences policières avait été interdite –, se trouvaient sur le quai de Valmy quand ils ont croisé cette voiture de police, a fait savoir la préfecture de police. Une quinzaine d’entre eux se sont alors mis à taper avec des barres de fer sur le véhicule dont les vitres ont été brisées. Ils ont ensuite tenté de faire sortir de force les deux fonctionnaires qui étaient à l’intérieur. Mais la chronologie des faits reste floue : il n’était pas encore établi s’ils sont parvenus à les faire sortir avant qu’un cocktail Molotov ne soit jeté à l’intérieur de la voiture par la lunette arrière, ou après avant ou après avoir jété un cocktail Molotov.

« T’aurais dû le laisser crever »

Légèrement blessés, les deux agents souffrent de contusions. L’un d’eux, un adjoint de sécurité, a été conduit à l’hôpital pour des examens complémentaires. Sa collègue, gardienne de la paix, souffre, elle, de contusions mais n’a pas été emmenée à l’hôpital, selon la préfecture. Tous deux appartiennent à la compagnie du périphérique de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC).

Loïc (son nom a été modifié), un ancien membre des « street medics » (équipes de bénévoles médicaux) de Nuit Debout, rencontré aux abords de la République trois heures après l’incident, a raconté au Monde.fr avoir « soigné l’un des deux policiers blessés » après que des casseurs ont incendié leur voiture. « L’homme était blessé à l’arcade [sourcilière]. La femme était choquée », témoigne-t-il. Il poursuit : « Après j’ai été agressé par des manifestants à coups de poings parce que j’avais soigné un policier. Ils m’ont dit : “T’aurais dû le laisser crever.” »

Un « acte inacceptable »

Les pompiers ont éteint le feu avant 13 heures alors que des dizaines de passants continuaient de prendre des photos. La voiture a été complètement carbonisée, et une pancarte en carton « Poulets rôtis, prix libre », déposée sur le sol à quelques mètres du véhicule.

Des affrontements très violents opposent les forces de l’ordre et certains manifestants depuis le début de la mobilisation contre la loi travail. Les contre-manifestants entonnaient encore mercredi les airs « Flics, porcs, assassins ! », « On n’oublie pas, on pardonne pas ! » ou encore « Police partout, justice nulle part ! ».

Le préfet de police a condamné « très fermement l’action violente dirigée à l’encontre » de ces deux policiers, ajoutant qu’ils « n’ont pu s’échapper que dans des conditions extrêmes face à une agression d’une grande brutalité ». Il a adressé « tout son soutien à ces deux fonctionnaires », attendant, après avoir saisi le parquet, que « toutes les suites judiciaires adaptées soient données à cet acte inacceptable ».