En 2015, 78 % des demandes d’Erasmus des étudiants français ont obtenu une réponse favorable | Wikimédia

Presque trente ans après sa création, en 1987, le programme Erasmus, rebaptisé Erasmus+ depuis 2014, a permis à plus de 3 millions de jeunes Européens et à plus de 450 000 Français de prendre le large pendant un à deux semestres dans un des 28 Etats membres de l’UE (plus la ­Macédoine, l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Turquie). En 2015-2016, d’après un rapport de l’agence Erasmus+ France, qui gère le programme au plan national, près de 36 962 jeunes Français seront partis dans ce cadre, en mobilité d’études (pour 26 331 d’entre eux) ou en stage (pour 9 631). « C’est un succès majeur, un programme européen ­emblématique parce qu’il est ­sous-tendu par une volonté de construction de la citoyenneté européenne », estime la députée PS de Gironde Sandrine Doucet, auteure d’un rapport parlementaire sur le sujet en 2014.

Un succès pour lequel l’Europe met plus que jamais la main au porte-monnaie. Pour la période 2014-2020, l’UE a ­accordé un budget de 16 milliards d’euros à Erasmus+ (dont 1,12 milliard pour l’agence française), un chiffre en augmentation de 40 % par rapport à celui de l’enveloppe précédente. En grande partie redistribué sous forme de bourses, ce budget a permis de satisfaire 78 % des demandes de financement des étudiants français en 2015.

Le montant de l’allocation va de 150 à 400 euros par mois, en fonction du coût de la vie dans le pays d’accueil

Les critères de sélection sont fixés par les établissements, ainsi que le montant de l’allocation, dans une fourchette ­allant de 150 à 400 euros par mois, en fonction du coût de la vie dans le pays d’accueil pour les mobilités d’étude, auxquels il faut ajouter environ 150 euros pour celles liées aux stages. Les bourses Erasmus ne sont pas mensualisées. « On conseille aux étudiants d’avoir un petit matelas avant le départ, et d’établir un budget dans lequel ils n’intègrent pas l’allocation Erasmus, qui est souvent versée en deux temps pendant et à l’issue de leur mobilité », explique Ludovic Plachot, responsable du pôle mobilité de l’université Bordeaux-Montaigne.

Des aides complémentaires

Cette allocation est insuffisante pour vivre mais il est possible de la compléter avec d’autres aides, en provenance notamment des régions. « En plus de ma bourse Erasmus, d’un total d’environ 600 euros pour un semestre, j’ai pu bénéficier des 800 euros de la bourse Boussole de la région Alsace », témoigne Axel ­Kauffmann, étudiant en L3 langues étrangères appliquées de l’université de Strasbourg. Il a posé ses valises au Royaume-Uni, à la Nottingham Trent University de septembre 2015 à février 2016. « Je savais que la vie était chère sur place, j’ai donc anticipé et travaillé un maximum l’été précédent pour vivre correctement », précise le jeune homme de 21 ans.

L’agence nationale Erasmus+ indique également que les boursiers représentent 35 % des bénéficiaires du programme, alors qu’ils ne sont que 28 % dans ­l’enseignement supérieur en ­général. Là encore, des aides complémentaires existent : les boursiers sur critères sociaux soutenus par le Crous peuvent continuer de l’être, et certains peuvent également bénéficier de l’aide à la mobilité internationale (AMI) du ministère de l’éducation nationale.

La démocratisation de l’accès à la mobilité européenne est indéniable mais il faut aller plus loin, estime Sandrine Doucet. « En augmentant le montant des bourses et surtout en diversifiant le ­public visé, en allant chercher ceux pour qui la mobilité n’est pas évidente – les étudiants de la ­filière professionnelle par exemple –, en valorisant les stages de ­mobilité », juge l’élue.

Des étudiants du monde entier

Erasmus souhaite également développer des échanges hors de l’Union, notamment en direction des pays candidats à l’UE (l’Albanie ou le Monténégro par exemple) ou dans son voisinage (Arménie, Biélorussie), en finançant principalement l’accueil d’étudiants issus de ces pays. Pour la France, un total de plus de 2 000 allocations en ce sens devrait être distribué pour l’année universitaire en cours.

Erasmus+ soutient aussi, via des bourses accordées à des étudiants du monde entier, la mise en place de masters conjoints. Ces programmes, appelés Erasmus Mundus, scellent des partenariats d’excellence entre des établissements européens et des universités de toute la planète. Lors de l’appel à propositions, 76 projets ont été déposés au niveau européen, dont 36 masters impliquant au moins un établissement français.