Donald Trump lors d’une conférence de presse jeudi 26 mai à Bismarck (Dakota du Nord). | SPENCER PLATT / AFP

Jusqu’à présent, Donald Trump avait assez peu loquace sur la politique énergétique qu’il mènerait s’il était élu à la Maison Blanche. Le candidat républicain, qui a atteint officiellement, jeudi 26 mai, la majorité de délégués requise pour l’investiture de son parti à l’élection présidentielle du mois de novembre, a dévoilé le même jour à Bismarck (Dakota du Nord) les grandes lignes de son programme dans ce domaine. Celui-ci est sans ambiguïté : l’objectif est de déréguler à tous crins le secteur pour exploiter au maximum les ressources présentes dans le sous-sol américain et rendre les Etats-Unis indépendants sur le plan énergétique.

M. Trump veut faire de l’énergie « un objectif de politique étrangère et un objectif stratégique », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. Pour lui, « il faut se débarrasser de certaines régulations », estimant que « le gouvernement fédéral doit se tenir à l’écart du secteur de l’énergie ». « Je vais annuler l’accord de Paris sur le climat », a-t-il ainsi promis. Selon lui, les règles visant à limiter le réchauffement climatique adoptées en décembre lors de la COP21 vont « tuer l’emploi et le commerce », ajoutant que « cet accord donne à des bureaucrates étrangers le contrôle sur la façon et la quantité d’énergie que nous pouvons consommer dans notre pays. Pas question ! », s’est-il enflammé.

Ressusciter le projet d’oléoduc Keystone XL

Le candidat républicain s’est dit en outre prêt à revenir sur bon nombre de décisions prises par Barack Obama au cours de ses deux mandats concernant l’environnement. C’est le cas de l’annulation du projet d’oléoduc Keystone XL, qui devait relier le Canada au Golfe du Mexique pour transporter les sables bitumineux de l’Alberta vers les raffineries américaines. M. Trump a affirmé qu’il approuverait ce chantier « sans hésitation, à 100 %, mais je voudrais un accord plus favorable ». Il a précisé qu’il exigerait que les bénéfices reversés aux États-Unis soient plus importants que ce qui était prévu dans le projet initial.

Même discours sur l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste. « Si nous ne développons pas la fracturation hydraulique, nous resterons dépendants du Moyen-Orient pour notre énergie », a insisté le candidat. M. Trump s’est ainsi dit prêt à assouplir la réglementation du secteur pour permettre aux entreprises de forage et aux sociétés minières d’être plus compétitives. « L’Amérique a un potentiel énergétique incroyable qui reste inexploité », a-t-il lancé. Il a aussi remis en cause les récentes mesures prises par l’administration Obama sur le charbon : « Les régulations qui ferment des centaines de centrales à charbon et bloquent la construction de nouvelles, quelle stupidité ! »

Il a aussi prévenu que si Hillary Clinton était élue à la Maison Blanche, les choses iraient « beaucoup plus mal » pour le secteur. La candidate démocrate plaide pour que les États-Unis limitent leur dépendance à l’industrie du charbon, régulent plus fortement la fracturation hydraulique et développent la production d’énergies renouvelables. Des mesures qui conduiraient à l’appauvrissement des Américains, selon M. Trump. Le candidat a enfin promis qu’il couperait tous les financements américains destinés à des programmes en faveur de la lutte contre le réchauffement de la planète.

Un climatosceptique comme conseiller

Si son discours est sans ambiguïté sur le changement climatique, il recèle en revanche un certain nombre de contradictions. Comme l’a souligné David Sandalow, ancien sous-secrétaire à l’énergie d’Obama, M. Trump « a dit qu’il allait redonner du travail aux gens dans les mines de charbon, mais il n’a pas dit comment. Et dans le même temps, il dit qu’il veut développer la fracturation hydraulique, qui pourtant est le principal facteur qui a fait baisser les prix du gaz et qui a mis les mineurs au chômage », a-t-il pointé sur la chaîne CNBC.

Les orientations du programme de M. Trump ne sont guère surprenantes quand on sait qu’il a choisi, il y a quelques jours, Kevin Kramer comme conseiller pour les questions énergétiques. Ce représentant républicain du Dakota du Nord, un Etat qui recèle l’un des principaux gisements de gaz et de pétrole de schiste du pays, est un climatosceptique patenté, qui n’a de cesse de vouloir réduire le poids des impôts et l’excès de régulations qui pèse sur le secteur énergétique.

Même si le magnat de l’immobilier a affirmé récemment que le réchauffement climatique est « un canular complet », une « connerie » et de la « pseudoscience », le site Politico vient de révéler qu’il avait déposé récemment un permis de construire pour édifier un mur dans le but de protéger de la montée des eaux l’un de ses golfs situé sur le littoral irlandais. On n’est jamais trop prudent.