Les drapeaux rouges des Aiglons volaient haut ce soir, aux abords de la place Bellecour de Lyon, où la sélection albanaise a surclassé l’équipe roumaine 1 but à 0, s’offrant l’espoir de se qualifier pour les huitièmes de finale, si elle finit parmi les quatre meilleurs troisièmes.

« Ça fait 50 ans qu’on attend ça, et le fait que la première victoire albanaise ait lieu ici, à Lyon, c’est une valeur toute particulière », explique Kelmend, un Albanais de Saint Jullien dans la région rhonaise, par ailleurs également supporteur de l’équipe de France.

A Lyon, où réside l’une des plus grandes diasporas albanaises de France, la victoire des Aiglons avait une saveur spéciale, et les slogans « Shqipni Etnike » (« Grande Albanie ! ») succédaient aux « Qui ne saute pas n’est pas Français ni Albanais » – une première, pour une ville plutôt habituée aux célébrations aux couleurs de la France et de l’Algérie.

L’essentiel de cette diaspora s’est constitué à partir de 1998 et la guerre du Kosovo, qui a vu de nombreux Albanais émigrer en Suisse, en Italie, mais aussi dans le Sud-Est de la France. Ils seraient un millier, essentiellement dans le quartier populaire de Perrache, selon Dorjana, 20 ans, membre de l’association des Albanais de Lyon, Shoqata Shiptare Iliria. Et plus de 20 000 ce soir, à la faveur de l’Euro.

« Des Albanais venus de Suisse, d’Italie, d’Allemagne »

Des supporteurs albanais fêtent la victoire de leur équipe, le 19 juin dans les rues de Lyon. | William Audureau/"Le Monde"

« Il y a des Albanais venus de Suisse, d’Italie, d’Allemagne qui sont ici, c’est la première fois que j’en vois autant dans la ville », se félicite Julia, une autre albanaise de Lyon. Alfred, 41 ans, est même venu de New York, pour vivre le premier grand tournoi international de son pays d’origine. « C’est incroyable, le moment où l’on a marqué, c’est quelque chose que je n’avais jamais ressenti ». Il se voit désormais affronter l’Angleterre à Paris, au milieu de cette diaspora française qu’il découvre autant qu’il chérit.

Seule ombre au tableau, l’arrivée massive des colonnes de gendarmes, sur les coups de 0 h 30, faisait craindre à certains des débordements. « Ils sont pourtant juste là pour faire la fête », rappelait un Albanais vêtu du maillot de l’ancienne gloire du PSG et de l’OM, Lorik Cana, avant de s’évanouir dans la foule rouge et le bruit des klaxons.

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