La Turquie et la Croatie ne se quittent plus. Après l’Euro 1996 (victoire 1-0 des Croates), après l’Euro 2008 (élimination des Croates aux tirs au but en quart de finale), après l’Euro 2012 (succès croate en barrages de qualification pour le tournoi), les deux équipes se retrouvaient dans le groupe D de cet Euro 2016. Accrochée, cette rencontre le fut un temps, jusqu’à ce qu’un éclair de Luka Modric ne vienne sceller la domination des hommes d’Ante Cacic (1-0).

Luka Modric fêté par son camarade Ivan Perisic après son but contre la Turquie, le 12 juin à Paris. | Christian Hartmann / REUTERS

En verve et bruyants en début de match, les milliers de supporteurs turcs et croates ont rappelé au Parc des Princes qu’il était un écrin particulièrement réjouissant lorsque animé par de telles ambiances. Après une entame à la hauteur de la furia dans les tribunes, ce duel est rapidement tombé dans un faux rythme, cultivé par des Croates et des Turcs aussi coincés les uns que les autres.

Il a fallu attendre la 20e minute pour voir un semblant de coup de pression sur les buts de Volkan Babacan, mais les attaquants croates, Mandzukic le premier, manquaient de précision. A la 27e minute, une frappe de Bodelj, la première cadrée du match, alertait le portier turc, avant que son homologue croate, le Monégasque Danijel Subasic, ne s’illustre avec un arrêt sur sa ligne après une tête d’Ozan Tufal. La Goal Line Technology confirmait ce que personne ne contestait : « No Goal ».

La machine resta à sa place quelques minutes plus tard lorsque Luka Modric mit tout le monde d’accord, façon de parler puisque personne n’était vraiment fâché. A la 41e minute, le meneur de poche du Real Madrid envoya une merveille de reprise de volée, frappée depuis l’entrée de la surface, dans le petit filet de Babacan, battu par la trajectoire bombée et le rebond du ballon (1-0).

Un supporteur croate se mêle à la liesse des joueurs, le 12 juin à Paris. | Francois Mori / AP

Les Croates touchent du bois

Les Croates exultaient, un supporteur drapé du damier rouge et blanc bondissait même hors des tribunes pour aller embrasser ses camarades, avant d’être gentiment raccompagné par des stadiers à sang froid vers le muret qu’il venait de franchir, et d’être invité à le franchir en sens inverse. A la mi-temps, plusieurs supporteurs croates dansaient torse nu en faisant tournoyer leur maillot au-dessus de leur tête, célébrant autant le but de Modric que la mansuétude des forces de sécurité à l’égard de leur camarade fanfaron.

Côté turc, l’idée même d’une révolte tardait à se faire sentir. Fatih Terim changeait trois joueurs dans les 20 premières minutes de la seconde période, n’hésitant pas à sortir la star de l’équipe, le Barcelonais Ardan Turan, décevant. Mais la Croatie tenait désormais ce match, l’animant bien mieux qu’en première période, se permettant même de gâcher une bonne flopée d’occasions franches : coup franc de Srna sur la barre (51e), tir juste à côté du même Srna (54e), reprise trop croisé de Brozovic (60e), puis tête de Perisic, intenable sur son aile gauche, toujours sur la barre (66e), et ainsi de suite…

Malgré l’entrée bruyamment saluée par ses fans de l’adolescent Emre Mor, 18 ans et promis à un bel avenir, les Turcs se montraient incapables d’inquiéter Subasic, ne cadrant qu’un tir sur un coup franc de Caner Erkin. Les Croates pouvaient tomber dans les bras de Modric au coup de sifflet final, le petit prince du Parc, au moins pour un dimanche après midi, offre aux siens un départ idéal dans le groupe D, avant le match Espagne - République Tchèque, lundi à 15 heures, à Toulouse.