L’attaquant de l’équipe de France Kingsley Coman face à la Suisse, le 19 juin 2016 au stade-Pierre Mauroy de Villeneuve d’Ascq. | DENIS CHARLET / AFP

Pas de but à la dernière minute cette fois-ci, pas d’enceinte en fusion, et donc pas de victoire : l’équipe de France a été tenue en échec par la Suisse, dimanche soir au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d’Ascq (0-0), lors de son troisième match du premier tour. Les Bleus conservent ainsi la première place du groupe A, devant la Suisse, et l’Albanie, dont la victoire face à la Roumanie (1-0) sera peut-être synonyme de qualification pour la suite du tournoi.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Son match nul face à la « Nati » envoie la formation de Didier Deschamps disputer son huitième de finale à Lyon, dimanche prochain (15 heures), face à une équipe qui reste à déterminer, et qui sera le troisième du groupe C (Irlande du Nord, Pologne ou Allemagne), D (République tchèque, Croatie ou Turquie), ou E (Suède, Eire, Belgique). Grâce à la formule légèrement alambiquée de ce premier Euro à 24 équipes, il faudra attendre mercredi soir et la fin des derniers matchs de poule pour savoir qui sont les quatre meilleurs troisièmes des six groupes, et donc l’adversaire des Bleus.

Dimanche soir à Villeneuve d’Ascq, on a vu Adil Rami tenter un ciseau acrobatique où la tête de Mehmedi avait remplacé le ballon, et écoper d’un carton jaune pour ça. On a vu Paul Pogba littéralement déchirer le maillot de Granit Xhaka d’un léger coup de poignet. On a vu Antoine Griezmann littéralement crever le ballon à l’aide d’un léger coup de crampon. Et on a vu des joueurs glisser comme Bambi sur un lac gelé, sur la pelouse ravagée du stade Pierre-Mauroy, que les jardiniers ont tenté tant bien que mal de rafistoler jusqu’au coup d’envoi et à la mi-temps.

Le festival Pogba

Mais on n’a donc pas vu de buts, même si le résultat nul ne signifie pas que le spectacle l’ait été complètement. Après deux rencontres face à des formations qui avaient affecté toutes leurs forces vives à la protection de leur surface de réparation, ce troisième match des Bleus a rappelé que le football, pour peu que les deux équipes acceptent d’y jouer, pouvait être un spectacle appréciable.

Avec Cabaye (plutôt que Kanté), Sissoko (plutôt que Matuidi) et Gignac (plutôt que Giroud) titularisés pour la première fois de l’Euro, avec Pogba et Griezmann de retour dans le 11 de départ, et avec Coman à la place de Payet, les Bleus ont connu un début de rencontre pénible, et une première bouffée de chaleur à la 8e minute, sur un corner dévié au second poteau, où Pogba loupait son dégagement, et aurait peut-être marqué contre son camp si… Djourou, le défenseur suisse monté aux avant-postes, n’avait pas été sur la trajectoire.

Par la suite, l’équipe d’Hugo Lloris - 54 sélections comme capitaine, record de Didier Deschamps égalé - a rarement été inquiétée, et a même maîtrisé son sujet jusqu’à la demi-heure de jeu. Le public nordiste a ainsi pu assister au « festival Pogba » qui, pendant dix minutes, allait provoquer un murmure à chaque prise de balle. Puissante frappe enveloppée que Sommer envoyait rebondir bizarrement sur sa transversale (10e) ; tir de l’extérieur du gauche, de près et après une jolie sarabande à l’entrée de la surface, que le portier suisse détournait en corner (13e) ; splendide frappe du gauche, des 25 mètres, qui s’écrasait sur la transversale (17e) ; centre millimétré pour Gignac, devancé aux six mètres au moment de le reprendre de la tête (19e).

Il fallait ensuite que Koscielny fasse don de son plexus solaire à la nation pour contrer un puissant pointard, de près, de Embolo (29e), avant que la partie ne bascule dans un léger ennui. Les deux formations rentraient au vestiaire sur le score de 0-0, décidément une habitude pour les Bleus dans cet Euro.

Payet fracasse la transversale

On se gardera de tirer des conclusions sérieuses d’une rencontre où Matuidi, Kanté, Giroud et Payet n’étaient pas sur le terrain au coup d’envoi, mais la seconde période, bien que globalement à l’avantage des Bleus face à une équipe un cran au-dessus de la Roumanie et l’Albanie, ne permet pas de nourrir de gigantesques espoirs pour la suite du tournoi.

Les Bleus ont eu plusieurs occasions de sortir vainqueur de ce duel bien moins réjouissant que le dernier affrontement entre les deux équipes (5-2 pour la France au premier tour du Mondial 2014). Mais les frappes de Gignac (54e) puis de Griezmann (57e), après un joli une-deux avec son avant-centre, se heurtaient à Sommer, élu homme du match.

A un quart d’heure de la fin, le stade était plus ou moins en train de s’endormir quand il fut brutalement réveillé par le fracas du ballon sur la barre transversale : Dimitri Payet, entré en jeu dix minutes plus tôt, venait d’y envoyer une reprise de volée surpuissante à la réception d’un centre de Sissoko qui avait sprinté sur plus de soixante mètres auparavent.

Un nouveau missile lointain de Payet, à distance respectable de la lucarne tout de même, puis un coup franc plein axe des 20 mètres du même Payet, allaient déclencher d’ultimes semblants de frissons. Comment faire pour en faire vivre de véritables aux millions de Français qui les regardent ? Les Bleus ont une semaine pour y songer.