Raphaël Varane au Stade de France, le 13 novembre 2015. | FRANCK FIFE / AFP

Le suspense a pris fin, et c’est une terrible nouvelle pour les Bleus : Raphaël Varane, pilier de la défense de l’équipe de France touché à une cuisse, a dû renoncer mardi à l’Euro 2016, laissant sa place dans la liste des 23 à Adil Rami.

Didier Deschamps craignait le pire depuis l’annonce faite dimanche par le Real Madrid de la blessure du Français (23 ans, 29 sélections). Ses peurs se sont confirmées mardi à la suite d’un examen clinique et d’une IRM passés à l’hôpital de Rambouillet (Yvelines). Ceux-ci n’ont fait qu’entériner le diagnostic initial du club madrilène, « à savoir une déchirure du biceps fémoral gauche de grade 2 », comme l’a indiqué la Fédération française dans un communiqué publié dans la soirée.

« Devant des délais d’indisponibilité jugés trop longs au regard des échéances de l’équipe nationale, Didier Deschamps a décidé de ne pas retenir Raphaël Varane pour l’Euro 2016 », a ajouté la FFF dans un communiqué.

C’est donc sans le patron de leur arrière-garde, seul joueur à avoir disputé tous les matches depuis le Mondial 2014, que les Bleus vont attaquer le tournoi organisé à la maison contre la Roumanie, le 10 juin, au Stade de France. Un énorme coup dur pour un secteur qui ne respirait déjà pas la sérénité et était privé de Mamadou Sakho, suspendu pour une infraction à la législation antidopage après la prise d’un brûleur de graisse.

Rami, le coup de poker de Deschamps

Après Karim Benzema, non sélectionné en raison de sa mise en examen dans l’affaire dite de la « sextape », et Sakho, voilà les Tricolores obligés de tirer un trait sur un autre cadre, ce qui va encore amoindrir leur potentiel et, par ricochets, leurs chances de succès dans la future compétition.

A titre personnel, ce forfait vient ternir encore un peu plus la saison de Varane, qui avait perdu sa place de titulaire au Real Madrid et traversait une mauvaise passe ces derniers mois. Échaudé par les précédents fâcheux, notamment le long feuilleton Franck Ribéry, finalement inapte à disputer la Coupe du monde il y a deux ans, Deschamps a de son côté voulu trancher rapidement le cas Varane pour ne pas polluer l’atmosphère alors que le 2e stage de préparation doit débuter mercredi à Clairefontaine. Le sélectionneur était de toute façon tenu d’envoyer sa liste des 23 à l’UEFA au plus tard le 31 mai à minuit, dix jours avant le début de la compétition.

Adil Rami sous les couleurs de Séville. | FABRICE COFFRINI / AFP

Pas question non plus pour le technicien français de commencer l’aventure avec un joueur blessé en attendant un hypothétique rétablissement, comme l’avait fait Roger Lemerre avec Zinédine Zidane au Mondial 2002 et Raymond Domenech avec Patrick Vieira à l’Euro 2008, avec des conséquences désastreuses sur la vie du groupe et les résultats de l’équipe.

Mangala ou Mathieu aux côtés de Koscielny

Le sélectionneur s’était visiblement préparé à l’éventualité d’une défection de Varane en appelant en renfort Adil Rami dès lundi. Comme c’était prévisible au vu du pedigree du défenseur du FC Séville par rapport aux deux autres arrières de la liste des réservistes (Umtiti, Sidibé), celui-ci intègre directement les 23 où il remplacera numériquement le Madrilène.

La page Varane tournée, Deschamps doit désormais travailler à une formule alternative dans l’axe de la défense et trouver le bon complément à Laurent Koscielny. La première rencontre amicale de la préparation, le 30 mai contre le Cameroun, pourrait ainsi servir de laboratoire. Pour le moment, ce sont les deux gauchers, Eliaquim Mangala ou Jérémy Mathieu, qui tiennent la corde pour épauler le Gunner. Or, ces deux joueurs ne possèdent pas une grande expérience internationale (7 sélections pour Mangala, 5 pour Mathieu) et n’ont jamais été souverains lors de leurs rares apparitions en bleu. Pour ne rien arranger, Mathieu se remet à peine d’une opération d’un genou et n’a repris la compétition avec le FC Barcelone que le 8 mai.

Rami pourrait donc rebattre les cartes. Le Sévillan (30 ans, 26 sélections), titulaire durant le mandat de Laurent Blanc (2010-2012) et notamment à l’Euro 2012, a un certain vécu en équipe de France et sort d’une belle saison avec le FC Séville, vainqueur de la Ligue Europa et finaliste de la Coupe du Roi dimanche. Ses mots très durs jeudi contre le sélectionneur pour protester contre son absence de la liste initiale pour l’Euro ne devraient pas trop contrarier le pragmatique Deschamps, obligé de bricoler en défense au plus mauvais moment.