L’Euro 2016 vu par la presse étrangère, à retrouver sur le site de « Courrier international »

Les Roumains ouvrent le bal de l’Euro ce vendredi 10 juin, face à l’équipe de France. Un défi de taille pour les Tricolores, mais la presse roumaine veut y croire, même dans un contexte pesant. « La menace des attentats plane », écrit le correspondant d’Adevarul à Paris, qui raconte l’accueil très froid que lui ont réservé les policiers à Roissy. Dans le hall de l’aéroport, avec les autres journalistes étrangers qui venaient d’arriver, les analyses sportives d’avant match « se sont vite transformées en une discussion sur la situation tendue en France », écrit-il, de nombreux confrères expliquant que certains de leurs amis avaient finalement renoncé à venir, par peur des risques. Et comme si cela ne suffisait pas, à la crainte d’un attentat s’ajoutent les perturbations dues aux grèves dans l’Hexagone. Contrôles de sécurité, trains retardés et files d’attente : « Désormais, tout se fait avec une lenteur pénible, poursuit le journaliste. La France est sur des charbons ardents, et malgré toutes les assurances que nous recevons en matière de sécurité, la vérité est que le terrorisme a atteint un niveau presque impossible à contrer. »

Pourtant, l’Euro devrait avant tout se jouer sur le terrain de football et la presse roumaine est impatiente de voir si l’équipe nationale est capable de se surpasser face aux Bleus. La Roumanie est pour l’instant « le gavroche de l’Euro », écrit Milhai Miron dans Prosport, à propos d’une équipe dont les joueurs sont « limités techniquement, mais qui bouillonnent d’une énergie prête à exploser ». A Bucarest, le sentiment de méfiance se fait autant sentir que la vague bleu-jaune-rouge d’enthousiasme avant la compétition, écrit le journaliste. « Mais cette méfiance peut être un excellent carburant pour les joueurs roumains », car elle peut leur donner envie de prouver aux critiques ce dont ils sont capables.

Sur le plan tactique, les Tricolores (ceux qui jouent en bleu-jaune-rouge) ne doivent pas s’enfermer dans un match trop défensif, plaide le chroniqueur, qui se félicite des propos tenus en conférence de presse par l’entraîneur, Anghel Iordanescu, qui a plaidé pour un jeu plus ouvert. « Nous serons plutôt sur une ligne classique, avec un jeu équilibré censé poser des problèmes aux Français, et non pas sur une défense à tous crins ». Lors de l’Euro 2008, les Roumains avaient résisté à la France en se retranchant en défense lors d’un match bien terne (0-0). Il serait dommage d’offrir le même spectacle pour un match d’ouverture, assure le journaliste : « La question est la suivante : faut-il jouer un chef-d’œuvre de laideur efficace ou ouvrir, attaquer et honorer ce spectacle planétaire qu’est l’ouverture de l’Euro à Paris ? »

Euro 2016 : France-Roumanie vu par la presse roumaine
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L’heure est en tout cas à la mobilisation derrière l’équipe nationale. « Croyez en la Roumanie, exhorte ainsi sur Prosport Florin Caramavrov, même si la France est meilleure et si elle a des joueurs dix fois supérieurs. » Les Bleus jouent à la maison, bénéficieront du soutien du public et « ont un besoin vital de remporter ce championnat d’Europe ». « Oui, nous avons une équipe modeste », concède le journaliste. Mais les Roumains joueront « avec passion, avec l’envie de gagner, avec toute leur âme et toute leur énergie ».

Un enthousiasme partagé par Romania Libera, pour qui les Tricolores sont « plus motivés que jamais avant d’affronter la France ». Le quotidien de Bucarest relève même un « détail incroyable » : l’équipe roumaine qui arrive à Paris a une moyenne d’âge de 28,35 ans, exactement le même que celui de l’équipe grecque qui avait remporté à la surprise générale l’Euro 2004. Un présage ? Quoi qu’il en soit, les Tricolorii sont prêts à faire « un grand match d’ouverture », conclut le journal. Les Bleus sont prévenus : ce soir, au Stade de France, leurs adversaires feront tout pour marquer les esprits.

La gazette de l’Euro  : Coup d’envoi, rigolades et Roumanie