Partir étudier en Europe permet de préparer son avenir et de s’enrichir sur le plan personnel | Jérémy Barande / Ecole polytechnique

S’émanciper sans pour autant s’exiler loin, découvrir un pays d’Europe mal connu, améliorer son anglais sans passer par de coûteuses études aux Etats-Unis, côtoyer des étudiants de multiples pays et vivre une expérience du type « auberge espagnole », construire un réseau qui servira plus tard pour un job… Il existe mille et une raisons de partir étudier en Europe. Chaque étudiant a sa propre combinaison. Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Europe n’est pas, de loin, un choix de second ordre.

Quentin Chatard, 22 ans, « s’éclate » à Göteborg, en Suède. En deuxième ­année à l’Idrac Business School, une école de commerce tournée vers l’international, il effectue un stage de six mois chez Volvo. S’il a choisi cette destination, c’est d’abord pour son CV : « J’ai emprunté pour financer mes études et j’en attends une rentabilité. Ce stage va me permettre de perfectionner mon anglais et de me faire un réseau. En plus de ­découvrir une autre culture de travail et une autre mentalité. »

Un appétit de découverte

Quentin calcule chaque étape de son parcours pour mettre toutes les chances de son côté et décrocher, à sa sortie de l’école, un CDI. « Aujourd’hui, pour entrer sur le marché du travail, on demande de l’expérience, explique-t-il, et, comme on est cinquante pour un poste, il faut se ­démarquer. » En plus de l’anglais et de l’espagnol qu’il a amélioré en travaillant deux mois au Mexique, il bûche le ­suédois – « ça peut faire la différence ». Partir en Suède est donc, pour lui, une décision mûrement réfléchie. Il avait « une piste » aux Etats-Unis. Mais il préfère la garder éventuellement pour sa dernière année d’études.

Alexandre Thomas, 24 ans, est en cinquième année à l’Ecole nationale supérieure en systèmes avancés et réseaux, qui fait partie de l’Institut national polytechnique de Grenoble. Il a passé le premier semestre à l’université de sciences et technologies de Cracovie, en Pologne. Puis il a enchaîné avec un stage à la ­banque HSBC à Londres. Parti par le programme européen Erasmus, il a vécu, à Cracovie, en colocation avec d’autres étudiants étrangers. Parce qu’il a suivi les cours en anglais à la fac, il n’a pas été simple pour lui de rencontrer des Polonais, alors que, comme beaucoup, il était parti avec un appétit de découverte. « Heureusement mon colocataire avait un parrain polonais [un tuteur dans le programme Erasmus] très ouvert. Grâce à lui, j’ai pu découvrir une culture très ­différente de la nôtre. »

« Aujourd’hui, comme on est cinquante pour un poste, il faut se démarquer  »
Quentin Chatard
étudiant à l’Idrac, stagiaire en Suède

Alexandre pointe le risque, dans ces séjours, de perdre son temps au niveau des études. Il s’était renseigné avant de partir : « J’avais vu qu’il y avait des cours qui complétaient ceux dispensés dans mon école. Celui que j’ai suivi sur les mathématiques financières m’a même aidé à trouver mon stage chez HSBC. » Les pays lointains, ce sera pour plus tard, une fois diplômé. « J’irais bien un an ou deux en Asie en VIE [volontariat international en entreprise] », dit-il. Comme lui, beaucoup se voient ainsi débuter à l’étranger, en quête d’aventure et surtout jugeant le marché de l’emploi bouché en France.

Nouer des contacts

En troisième année à l’Idrac, Ophélie Merlin, 21 ans, est entre deux séjours. En 2015, elle a passé un semestre dans une université de Shanghaï, partenaire de son école. A la rentrée, elle partira étudier un an à l’université de Dublin : « Pour l’anglais d’abord, mais aussi pour mon développement personnel et pour la ville cosmopolite qui va me permettre de rencontrer des tas de gens différents. » Elle espère s’intégrer – « à Shanghaï, nous étions beaucoup entre nous » – et, pourquoi pas, nouer des contacts qui lui serviront plus tard.

Geoffrey Renimel, 26 ans, a séjourné un an en Erasmus en République tchèque durant sa troisième année de langues étrangères appliquées à l’université de Bretagne-Sud, à Lorient. « Au départ, je voulais aller en Espagne, mais ça n’était pas possible aux dates où je partais. Mon université m’a alors proposé Ceske ­Budejovice, une ville tchèque de taille moyenne, très étudiante, et j’ai accepté », explique-t-il. Pour ses études, il avoue que cela a été d’un intérêt modéré. Les cours de langues étaient trop faciles. Au second semestre, il s’est inscrit à de plus difficiles, ainsi qu’à des cours hors de sa spécialité mais dispensés en anglais ou en espagnol – sur l’économie, le commerce, la littérature américaine au XIXe siècle… Le grand intérêt, Geoffrey le voit dans la maturité et l’autonomie qu’il a acquises. « Ce séjour a marqué une coupure avec ma famille, confie-t-il. J’ai aussi dû gérer mon propre budget, car je vivais avec ma bourse d’environ 300 euros par mois. Surtout, j’ai appris à m’adapter à des personnes de toutes les cultures. Nous n’étions pas plus d’une trentaine d’étudiants étrangers mais venus de partout – Turcs, Russes, Macédoniens, Finlandais, etc. »

Depuis, Geoffrey Renimel a fait de la route. Après son master, il est parti un an en Nouvelle-Zélande, où il a enchaîné les petits boulots. Puis il a voyagé en Indonésie, au Vietnam et à Singapour. Pour lui comme pour beaucoup, l’Europe aura été une rampe de lancement.

Cet article est extrait du supplément Universités et grandes écoles consacré aux études en Europe, publié dans « le Monde » daté du 26 mai 2016.