José Mourinho et Josep Guardiola, en 2011 au Camp Nou, à Barcelone. | JOSEP LAGO / AFP

« C’est un plaisir d’avoir Mourinho ici. Les plus grands joueurs rendent la ligue meilleure et c’est aussi le cas pour les grands entraîneurs. » Ainsi Pep Guardiola accueillait l’arrivée de José Mourinho au Real Madrid à la fin d’août 2010, au début de la saison espagnole. Six ans plus tard, la relation de respect entre les deux hommes s’est dégradée au point de virer à l’affrontement. Fini l’opposition Barcelone-Madrid, le duel Guardiola-Mourinho a désormais lieu sur la scène de Manchester.

Guardiola à Manchester City, Mourinho à Manchester United, c’est avant tout le nouvel épisode d’une opposition totale entre les deux hommes, maintenant dans une seule et même ville. Le premier acte s’est joué en deux saisons, de 2010 à 2012. Les personnages se connaissent alors, s’estiment. Entre 1997 et 2000, Guardiola le joueur a côtoyé Mourinho l’adjoint de l’entraîneur au FC Barcelone, à savoir Louis van Gaal. Qu’il remplace aujourd’hui à Manchester United, après deux saisons mitigées.

La guerre fut déclarée très vite entre un Mourinho avide de petites phrases et son homologue catalan, répondant avec mépris aux critiques. A tel point que la rivalité de ces deux grands d’Espagne avait d’abord lieu sur les bancs de touche plutôt que sur un terrain constellé d’étoiles du football mondial. Le printemps 2011 sera l’apogée de l’affrontement, avec une longue série de « clasicos » émaillés d’incidents, d’attaques gratuites et d’un climat malsain entre Merengue et Blaugranas.

Caractères et style de jeu opposés

« Dans cette salle, c’est lui le putain de chef et je ne peux pas lutter contre lui », explosait Guardiola un soir d’avril 2011 en conférence de presse, après des semaines de silence face à l’ogre médiatico-sportif que reste José Mourinho. Sportivement, c’est en revanche Guardiola qui s’est révélé le meilleur des deux avec deux Ligues des champions, trois Championnats d’Espagne et deux Coupes du roi remportés avec Barcelone. José Mourinho ne glanera qu’un exemplaire de chacun de ces trois trophées pendant son bail madrilène.

Depuis, la donne n’a pas changé. Mourinho a continué de parler, beaucoup, sur tous les sujets, quand il fut l’entraîneur de Chelsea de 2013 à 2015, deux années marquées par un titre de champion et un départ pour mauvais résultats à l’automne dernier. Guardiola a, lui, emmené son caractère de technicien soyeux et lisse au Bayern Munich, qu’il a quitté en bons termes, après une nouvelle saison hégémonique en Allemagne. Les deux se retrouvent en Angleterre et rien ne dit que leur rivalité change d’une once. Manchester United a beau avoir le voisin Liverpool en principal rival, les derbys mancuniens ne revêtent pas la même importance qu’un match à Stoke City ou à West Bromwich Albion.

Le cirque de la Premier League, Guardiola le découvre aux commandes d’un vaisseau citizen en pleine reconstruction. Effectif, philosophie de jeu : beaucoup de choses changeront à l’Etihad Stadium, sous l’égide d’un entraîneur aux principes connus, basés sur la possession de balle avant tout. Le style de Mourinho tranche. Le Portugais procède davantage en contre, mais l’objectif est le même, à savoir redonner le goût de la Ligue des Champions aux Red Devils, qui ne l’ont plus connu depuis une élimination face au Bayern Munich de Guardiola en 2014. Désormais installé officiellement dans le fauteuil du coach de Manchester United, Mourinho devrait bénéficier de ses premières conférences de presse pour imposer sa patte au club le plus titré du football anglais. La saison est loin d’être commencée, mais la rivalité de Mourinho et de Pep Guardiola n’attendra pas le premier coup d’envoi pour reprendre de plus belle.