A priori, l’Allemagne a un boulevard dans cette poule. Mais les champions du monde sont vieillissants, la Pologne a Robert Lewandowski, l’Ukraine un collectif bien rodé, et l’Irlande du Nord rien à perdre.

Les Allemands ne laissent rien au hasard. | PATRIK STOLLARZ / AFP

  • Le favori : l’Allemagne

Marco Reus, Antonio Rüdiger, Ilkay Gündogan sur le flanc, Bastian Schweinsteiger et Mats Hummels convalescents, la Mannschaft arrive en France avec quelques certitudes en moins, même si le sélectionneur Joachim Löw s’évertue à marteler le contraire. « Nous avons une idée très précise des buts que l’on veut se fixer, de ce que l’on veut montrer, de la façon dont on veut jouer », expliquait notamment le technicien mercredi 8 mai devant la presse. Sauf que les champions du monde ne survolent plus grand chose, en témoignent les défaites concédées en matchs de préparation contre l’Angleterre (2-3) puis la Slovaquie (1-3).

Même la campagne de qualifications n’a pas été tranquille, avec notamment la première défaite de l’histoire de la Mannschaft contre la Pologne, en octobre 2014, deux équipes qui se retrouveront dans ce groupe C.

Le joueur à suivre : Manuel Neuer. Depuis sa troisième place - derrière Messi et Ronaldo - à la course au Ballon d’or en 2014, le colosse allemand n’est guère redescendu de son nuage. Dans un bon jour, il peut être imbattable sur sa ligne, et intraitable en dehors de sa surface, dans son style caractéristique qui le fait jouer parfois comme un libéro derrière une défense très haute. Après une saison pleine au Bayern, mais ponctuée d’une élimination en demie de la Ligue des champions contre l’Atlético Madrid sur un but de Griezmann à Munich, Neuer sait qu’il va disputer à 30 ans l’une de ses dernières grandes compétitions avec la Mannschaft.

Arkadiusz Milik s’entraine à fêter des buts. | LOIC VENANCE / AFP

  • L’outsider : la Pologne

Les Rouge et Blanc ont un affront à laver, celui de leur élimination au premier tour de leur Euro, en 2012. Avec un premier match à disputer contre l’Irlande du Nord, ils peuvent se mettre dans des conditions idéales pour sortir du groupe, et pourquoi pas aller titiller l’Allemagne, qu’ils avaient battu en éliminatoires. Le sélectionneur Adam Nawalka pourra s’appuyer sur des joueurs qui ont gagné en expérience, notamment les milieux Krychowiak (FC Séville), Grosicki (Rennes) ou Blaszczykowski (Fiorentina), et un Robert Lewandowski dont personne n’oserait discuter qu’il est dans la forme de sa vie.

Le joueur à suivre : Arkadiusz Milik. Non, pardon, Robert Lewandowski. A moins que ce ne soit les deux. Suivez donc les deux, ce sera plus sûr, et de toute manière ils fonctionnent ensemble. Si le Bavarois a fini en tête du classement des buteurs des éliminatoires (13 buts), son compère en a été le meilleur passeur. A 22 ans, le solide Milik (1,89 m) s’est affirmé cette saison à l’Ajax Amsterdam, mais aussi en sélection, 10 buts en 25 matchs.

Andrey Yarmolenko, le 29 mai à Turin. | MARCO BERTORELLO / AFP

  • L’imprévisible : l’Ukraine

Les Bleu et Jaune ont un affront à laver, celui de leur élimination au premier tour de leur Euro, en 2012. Oui, comme la Pologne, leur co-hôte. Sauf que les Ukrainiens attaqueront, ou plutôt entameront, leur tournoi par un match légèrement plus compliqué contre les champions du monde allemands. Vaille que vaille, les Ukrainiens sont déjà heureux d’être là, après avoir surmonté le traumastisme du barrage balancé contre la France (2-0, 0-3) pour le Mondial 2014, en remportant celui contre la Slovénie. Les hommes de Mikail Formenko pourraient d’ailleurs retrouver les Bleus en huitièmes, en cas de troisième place qualificative et de première du groupe A pour les Français.

Le joueur à suivre : Andreï Yarmolenko. On aurait pu choisir Anatoliy Timoschchuk, juste parce qu’il a 37 ans, mais on ne peut pas toujours jouer le contre pied. Avec 27 buts en 57 sélections, dont 2 sur les 3 qui ont permis à la Sbornaïa de sortir la Slovénie en barrages, Andreï Yarmolenko a gagné ses galons de maitre à jouer.

  • La grosse côte : l’Irlande du Nord

C’est leur premier Euro, mais les Nord-irlandais ne sont pas là par hasard. Ils ont fini en tête de leur groupe de qualifications, devant la Roumanie et la Hongrie notamment, et seront bien décidés à garder cette sympathique dynamique, sans peur et sans reproche. Sans véritable star, l’équipe de Michael O’Neill s’appuie sur un solide bloc défensif et quelques grands gaillards aux deux extrémités du jeu, notamment le buteur géant Kyle Lafferty (1,93 m). Un bon vieux kick and rush qui va faire s’ébaubir leurs fervents supporteurs.

Le joueur à suivre : hum... Paddy McNair ? Allez, Paddy McNair. Le défenseur de Manchester United joue certes peu avec les Red Devils, mais il représente, à 21 ans, l’avenir de sa sélection, où il s’est révélé dans un rôle de sentinelle du milieu de terrain.

Les Nord-irlandais attaquent comme ils défendent. | Clodagh Kilcoyne / REUTERS

  • Le scenario probable

Et bien la Mannschaft l’a pris, son boulevard, pour terminer en tête du groupe C avec 9 points, trois victoires en autant de matchs, et Thomas Müller déjà premier du classement des buteurs avec 6 réalisations en autant de ballons touchés. Remarquable. Derrière, les Polonais ont glissé le pied dans la porte du tableau final, plus solides qu’une Ukraine qui cherche toujours le successeur de Shevchenko. Les Nord-irlandais finissent bons derniers, contents d’être passés.

  • Le scenario improbable

Grosse sortie de route pour les Allemands, en panne totale d’efficacité, à l’image d’un Thomas Müller aux abonnés absents depuis qu’il a bifurqué vers le cinéma, à cause d’une moustache postiche qui lui a ouvert les portes du remake bollywoodien des Brigades du tigre. Sans leur buteur, les champions du monde paniquent, Joachim Löw ressort son pull fétiche du Mondial 2010, Goleo la mascotte flippante de 2006 rechaussent les crampons, mais rien n’y fait, c’est l’élimination au premier tour, loin derrière le duo gagnant, Pologne et Ukraine, premiers ex aequo ne me quitte pas. Les Nord-irlandais finissent bons avant-derniers, contents d’être passés.

Thomas Müller prépare son changement de cap. | PATRIK STOLLARZ / AFP