La candidate à la primaire démocrate, Hillary Clinton, à San Diego, en Californie, jeudi 2 juin. | MIKE BLAKE / REUTERS

Un discours de politique étrangère était annoncé mais c’est un discours de campagne que la favorite de la course à l’investiture démocrate, Hillary Clinton, a prononcé jeudi 2 juin à San Diego, en Californie. Accrochée par le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, Mme Clinton a tenté d’enjamber les primaires décisives prévues le 7 juin. Ces primaires devraient lui permettre d’obtenir le nombre de délégués nécessaires pour obtenir l’adoubement de son parti.

Sans jamais citer une seule fois son adversaire actuel, l’ancienne secrétaire d’Etat a en effet instruit méthodiquement le procès en irresponsabilité de celui auquel elle sera vraisemblablement opposée en novembre : le magnat de l’immobilier Donald Trump. Elle a utilisé ses propres citations parfois contradictoires, à propos d’un Japon doté de l’arme nucléaire, ou bien des options possibles face à l’organisation de l’Etat islamique, pour montrer combien le milliardaire, en matière de politique étrangère est « dangereusement incohérent ».

Agressive, Mme Clinton a assuré que « faire de Donald Trump notre commandant en chef serait une erreur historique ». Elle a particulièrement insisté sur deux points à propos du milliardaire : son impréparation et surtout son tempérament. Assurant que son élection jetterait le trouble chez les alliés des États-Unis, Mme Clinton a estimé que « si Donald l’emporte, ce sera la fête au Kremlin, on ne peut pas laisser faire cela ». Elle a ajouté qu’elle laissait « aux psychiatres l’analyse de sa fascination pour les tyrans ».

« On sait ce dont quoi Donald Trump est capable : se vanter, se moquer, écrire des tweets désagréables », a poursuivi l’ancienne secrétaire d’Etat, jugeant sa science autoproclamée des « marchés » plus adaptée aux négociations pour des parcours de golf que pour la direction des affaires du monde. Mme Clinton a insisté sur le tempérament éruptif du milliardaire qui le rend selon elle « inapte à la fonction » : « Il ne devrait jamais avoir les codes nucléaires, il est capable de conduire à la guerre parce que quelqu’un l’énerve. »

« Donald » contre « Crooked Hillary »

La candidate démocrate a replacé l’affrontement avec M. Trump dans le cadre de deux visions conflictuelles du monde : celle du magnat de l’immobilier, convaincu du déclin américain, et la sienne, plus optimiste et plus confiante dans la capacité des Etats-Unis à prendre en charge une partie des affaires du monde. Le fond n’a pas empêché la forme. Désormais invariablement qualifiée de « malhonnête » par son probable futur adversaire (« Crooked Hillary »), l’ancienne secrétaire d’Etat s’est souvent contentée de le désigner par son seul prénom : un « Donald » manifestement prévu pour appuyer son incompétence présumée.

M. Trump avait anticipé le discours de Mme Clinton dans la matinée en niant avoir jamais plaidé pour que le Japon prenne en charge sa défense, même si cela impliquait de développer l’arme nucléaire. Les chaînes de télévision d’information en continu n’ont pas manqué par la suite de diffuser en boucle les déclarations du magnat de l’immobilier disant le contraire.

En choisissant d’attaquer M. Trump sur un terrain qu’elle juge favorable, Mme Clinton s’expose cependant à une riposte centrée sur sa capacité de jugement. C’est précisément l’angle qu’a choisi depuis des mois son adversaire démocrate Bernie Sanders, de son vote en faveur de l’invasion de l’Irak, au chaos libyen provoqué par le soutien militaire apporté à l’opposition du dictateur Mouammar Kadhafi, pour contester sa stature de femme d’Etat.