Après « une journée d’accalmie relative » mercredi, des nouvelles pluies jeudi 2 juin font craindre une aggravation des crues déjà exceptionnelles dans le pays. La Seine-et-Marne restait jeudi matin en alerte rouge inondations alors que le niveau de vigilance dans le Loiret, un des départements les plus touchés depuis mardi par les inondations, a été rabaissé à l’orange.

Cinq autres départements d’Ile-de-France et du Centre étaient encore en vigilance orange (Essonne, Indre-et-Loire, Cher, Loir-et-Cher, Indre), selon le bulletin de Météo France de 10 heures.

La carte de vigilance publiée le jeudi 2 mai à 10 heures. | Météo France

Les pluies exceptionnelles pour un mois de mai qui ont provoqué d’importants dégâts ainsi que de nombreuses évacuations dans un grand quart nord-est du pays ont pris fin mardi, mais un nouvel épisode pluvieux a gagné le pays depuis mercredi soir, par les frontières belge et allemande, même si les cumuls attendus devraient être moindres. Des précipitations étaient toujours en cours jeudi matin sur le bassin parisien, le Centre, la Bourgogne et la Franche Comté, selon ce dernier bulletin.

Près de 10 000 foyers ont été privés d’électricité dans les trois départements du Loiret, de la Seine-et-Marne et des Yvelines, selon Enedis (anciennement ERDF), qui a déployé plusieurs centaines de techniciens et des dizaines de groupes électrogènes. Depuis le début des intempéries dimanche, les sapeurs-pompiers ont réalisé 10 000 interventions sur l’ensemble de la France.

  • Manuel Valls au chevet de la Seine-et-Marne, en alerte rouge

En visite à Nemours, en Seine-et-Marne, jeudi matin, le premier ministre a annoncé jeudi matin la mise en place d’« un fonds exceptionnel de soutien » pour les collectivités territoriales touchées par les inondations et promis une mise en œuvre rapide des procédures de catastrophe naturelle.

Manuel Valls a appelé à rester « extrêmement prudent », même si le Loing a amorcé une décrue : « nous pouvons considérer que dans le Nord-Pas-de-Calais et dans l’est de la France les choses sont totalement maîtrisées, mais dans la région Centre, et ici dans la région Ile-de-France, la situation reste extrêmement tendue, difficile ».

La ville de Nemours a été coupée en deux par les eaux. « Le centre-ville est totalement sous l’eau, tous les commerces sont détruits », a déploré la maire, Valérie Lacroute, qui a procédé à l’évacuation de 3 000 des 13 000 habitants vers des centres d’hébergement. Les habitations situées dans la partie inondée ne disposent ni d’électricité, ni de chauffage, ni d’eau. Les niveaux atteints lors de la crue de 1910 (4,25 m) ont été dépassés.

Crue du Loing : images amateur du centre-ville de Nemours inondé en cours d’évacuation
Durée : 02:25

Dix kilomètres au sud, le corps sans vie d’une femme de 86 ans a été découvert mercredi soir dans son pavillon inondé à Souppes-sur-Loing. Une enquête a été ouverte par le parquet de Fontainebleau pour déterminer les causes exactes de sa mort.

Le préfet de Seine-et-Marne, Jean-Luc Marx, a déclaré mercredi sur France Info avoir suspendu pour deux jours « les cours dans les écoles, les collèges et les lycées » dans dix-sept communes du « secteur critique du Loing », un affluent de la Seine. La présidente du conseil régional d’Ile-de-France Valérie Pécresse a annoncé qu’elle proposerait un fonds d’urgence d’un million d’euros pour les communes franciliennes sinistrées.

  • Dans le Loiret, la crue supérieure à celle de 1910

Tout au long du cours du Loing, plusieurs villes ont été touchées, comme Montargis. La sous-préfecture du Loiret était noyée sous 1,80 m d’eau jeudi matin. Il serait tombé dans le département l’équivalent d’un mois et demi de précipitations en trois jours, et près des deux tiers des communes sont touchés par les crues. Les quelque 300 pompiers mobilisés ont procédé à plus de 2 000 interventions depuis le début des intempéries. La crue sur le bassin du Loing a atteint des niveaux supérieurs à ceux de la crue de 1910.

Sur l’autoroute A10, reste toujours fermée jeudi matin depuis le péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines en direction d’Orléans, 650 automobilistes se sont retrouvés bloqués mercredi par les inondations et été évacués en soirée par des camions militaires de transport de troupes. L’accès au chef-lieu du Loiret reste aussi impossible par l’A71 en provenance de Vierzon et de Bourges. Au total, une vingtaine de routes restent coupées à la circulation, selon Vinci autoroutes.

  • Une crue importante en formation sur la Seine moyenne

A Paris et en Ile-de-France, le niveau de la Seine suscite des inquiétudes. Dans la capitale, où le niveau de vigilance jaune a été activé, la montée des eaux est rapide. La Seine est montée à 4,45 m mercredi soir, entraînant la fermeture d’une partie des voies sur berges.

Paris n’est pour l’instant pas menacée par une catastrophe comparable à celle de 1910, la Seine avait alors atteint 8,42 m et inondé notamment des stations de métro, paralysant la ville. En mars, un exercice géant avait mobilisé pendant quinze jours les services de l’Etat, les communes et les entreprises pour limiter l’impact d’une nouvelle crue de cette ampleur qui, selon l’OCDE, pourrait coûter 30 milliards d’euros.

Cependant, la Seine va continuer à monter et pourrait atteindre le week-end prochain un pic, entre 5,10 et 5,70 mètres, une situation qui « nécessite une vigilance particulière », a prévenu la mairie. Une crue importante était en cours de formation sur la Seine moyenne, dans les secteurs de Melun et Corbeil, selon Météo France jeudi matin.

Guillaume Pepy, le président de la SNCF, a confirmé au Parisien que le RER C pourrait être prochainement fermé dans Paris intra-muros si le niveau de la Seine dépassait 4,75 m. Un service de substitution par bus est déjà programmé.

  • Circulation des trains difficile

A la grève qui affecte une partie du trafic s’ajoutent les intempéries. Les inondations ont causé des perturbations dans les transports franciliens (RER B, D, E et Tramway). Aucun train Transilien, Intercités ou TER ne circulait ainsi entre Paris-Montparnasse et Versailles-Chantiers, la SNCF espérant « un retour à la normale » d’ici à lundi.

En Moselle, la circulation des trains entre Thionville et le Luxembourg, interrompue depuis lundi, devrait rester perturbée plusieurs jours. Cette ligne est empruntée chaque jour par quelque 10 000 personnes.