« Si les Britanniques quittent l’Europe, il faudra en tirer les conclusions, nous comme eux. Ce n’est pas une menace, mais nos relations ne seront plus celles d’aujourd’hui », déclare Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. | Markus Schreiber / AP

« Les “déserteurs” ne seront pas accueillis à bras ouverts », prévient Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à un mois du référendum britannique sur le maintien, ou non, du Royaume-Uni dans l’Union européenne. « Si les Britanniques devaient dire non, ce que je n’espère pas, la vie communautaire ne continuerait pas comme avant. Le Royaume-Uni devra accepter d’être considéré comme un Etat tiers, que l’on ne caressera pas dans le sens du poil », explique M. Juncker dans un entretien au Monde.

« Si les Britanniques quittent l’Europe, il faudra en tirer les conclusions, nous comme eux. Ce n’est pas une menace, mais nos relations ne seront plus celles d’aujourd’hui », ajoute-t-il.

Interrogé sur les suites qu’il conviendra de donner si les Britanniques votent le maintien du pays dans l’UE, le président de la Commission européenne souligne d’abord qu’il faudra « mettre en application l’arrangement que nous avons conclu avec David Cameron, dont personne ne parle dans la campagne du référendum ».

« Ce ne sera pas facile », souligne-t-il, ajoutant, à propos de l’avenir du projet européen après le référendum britannique, qu’il n’est « pas méfiant à l’idée de refonder l’Europe », mais que « cela ajouterait à la division européenne ».

Paris « bien placé pour ramener l’Europe à l’essentiel »

Annonçant que « si une grande initiative est lancée par un des grands Etats, la Commission sera partie prenante », M. Juncker appelle la France à prendre l’initiative : « La France a un discours à porter, un message à livrer, une certaine idée de l’Europe à défendre. »

Le président de la Commission considère que, « si un message cohérent venait » du gouvernement français, « cela aurait un effet important face au discours britannique ». « La France est insuffisamment fière d’elle-même. Elle a des choses à dire au monde et à l’Europe, qu’elle les dise ! », lance M. Juncker.

Selon lui, Paris « serait bien placé pour ramener l’Europe à l’essentiel. En revigorant la dimension de solidarité et en développant un discours sur la nécessité de l’assainissement des finances publiques, sans perdre de vue le triangle vertueux : assainissement budgétaire, réformes structurelles et investissements. »

Lire l’intégralité de l’entretien (en version abonnés)  : « La France a une idée de l’Europe à défendre »