Le port de caméras individuelles pour les forces de l’ordre aux États-Unis vient une nouvelle fois de prouver son utilité en cas de bavure. Six mois après la mort d’un homme de 32 ans à la suite d’une altercation avec une patrouille de police en Floride, une vidéo, rendue publique, vendredi 20 mai, apporte des éléments accablants sur l’attitude des agents au cours de l’arrestation.

La scène se passe en novembre 2015. Chase Sherman vient d’assister au mariage de son frère. Sur le chemin du retour, alors qu’il roule sur l’autoroute en compagnie de ses parents et de sa petite amie, il est pris soudainement d’une crise d’hallucinations due vraisemblablement à la prise de marijuana synthétique et tente de sortir de la voiture alors qu’elle continue à rouler.

Paniquée, sa fiancée stoppe le véhicule sur le côté de la chaussée, tandis que sa mère appelle la police pour tenter de le calmer. Moins d’une demi-heure plus tard, M. Sherman décédait d’un arrêt cardiaque après une vive altercation avec les forces de l’ordre.

Une violence utilisée sans discernement

Jusqu’à la publication de la vidéo filmée par la caméra que portait l’adjoint au shérif qui est intervenu ce soir-là, les circonstances du décès étaient restées floues. Mais comme dans d’autres cas qui se sont produits ces derniers mois à Staten Island (New York), North Charleston (Caroline du sud) ou Chicago (Illinois) les images trahissent la violence utilisée sans discernement par les forces de l’ordre.

Dans ce film on voit M. Sherman menotté dans le dos, plaqué sur la banquette arrière du véhicule. L’un des policiers utilise à plusieurs reprises son pistolet à impulsion électrique pour tenter de maîtriser l’homme, qui continue à se débattre. « Lâche ce foutu truc », lui intime l’agent, alors que M. Sherman tente de se défendre en essayant d’attraper le fils du Taser. Tandis que la mère, restée à l’avant du véhicule, commence à pleurer, le policier lui demande de sortir. « Non, répond-elle, vous allez le tuer, vous m’entendez ! ». Un collègue tente de calmer la situation, mais le policier répond que M.Sherman continue d’être agressif et qu’il a essayé de prendre son Taser.

« Je suis mort, je suis mort »

Sous le choc des décharges électriques, l’homme arrive à peine à articuler « je suis mort, je suis mort », puis « j’arrête, j’arrête » d’une voix angoissée qui devient de moins en moins audible. « Je vais mettre tout le poids du monde sur lui », lance le policier en montant sur son corps pour l’immobiliser, tandis qu’on entend le crépitement du pistolet à impulsion électrique. Quinze décharges seront ainsi infligées à la victime.

Tout à coup, le policier réalise que M. Sherman ne respire plus. Il remonte son T-shirt, dévoilant son dos sur lequel on peut apercevoir plusieurs ecchymoses. Avec l’aide d’un aide soignant, il traîne le corps en dehors du véhicule avant de pratiquer un massage cardiaque, le tout sous les yeux de sa famille complètement choquée sur la bande d’arrêt d’urgence. Trop tard, l’homme vient de décéder. Un policier demande à celui qui a utilisé le Taser s’il va bien. « Putain, non, je suis viré », entend-on sur la bande-son. L’autre tente de le rassurer : « Mais non tu vas bien. »

Après la publication de la vidéo faite à sa demande, le procureur du comté de Coweta (Géorgie) en charge du dossier a déclaré que l’enquête poursuivait son cours, affirmant qu’il ne s’était pas encore fait une opinion définitive. Les policiers présents sur les lieux du drame ce soir-là n’ont toujours pas été suspendus de leurs fonctions. Quant aux parents de M. Sherman ils ont l’intention de porter plainte et réclament une enquête du ministère de la justice.

A quoi servent les caméras des policiers ?
Durée : 05:38