Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire général du Parti socialiste, à Paris, le 8 juin. | DOMINIQUE FAGET / AFP

Comment enterrer la primaire sans que cela se voie trop, ni trop vite ? C’est en partie l’enjeu du conseil national qu’organise le Parti socialiste, samedi 18 juin à Paris. Mise sur la table en janvier par le collectif Notre primaire, l’idée d’une primaire de toute la gauche s’éloigne chaque jour un peu plus. Officiellement, Jean-Christophe Cambadélis jure être toujours disposé à l’organiser, à condition que chaque formation de gauche y participant accepte deux modalités : que François Hollande puisse y concourir s’il le juge nécessaire le moment venu et que chaque participant accepte de soutenir pour 2017 le gagnant quel qu’il soit. Le premier secrétaire du PS devrait en ce sens lancer samedi une forme d’ultimatum aux communistes et aux écologistes, en leur demandant de clore définitivement ce débat avant la rentrée de septembre.

En réalité, le patron des socialistes rejette sur ces deux partis la responsabilité d’un échec, tant il sait ses conditions inacceptables pour eux. Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, a en effet clarifié sa position au terme du congrès de son parti, le 5 juin. A la tribune, le sénateur de Paris a lancé aux socialistes : « François Hollande ne peut pas être votre candidat, il ne peut plus être le nôtre, il ne peut plus être en 2017 le candidat qui fait gagner la gauche. » Le numéro un communiste n’a cependant pas renoncé à organiser une primaire de « l’autre gauche ». Côté écologistes, la position est encore plus claire. A l’issue de leur congrès, qui s’est tenu le 10 juin, les militants se sont prononcés pour une candidature écologiste à la présidentielle, qu’elle soit issue ou non de leurs rangs.

Congrès extraordinaire à l’automne

Mercredi 15 juin, le tribunal de grande instance de Paris a débouté trois adhérents du PS qui exigeaient de leur parti l’organisation d’une primaire pour 2017, en application de ses statuts. Un jugement qui laisse M. Cambadélis « les mains libres » pour la suite. Or, la direction du PS a créé l’émoi en interne, en évoquant, lors d’une réunion mercredi soir, l’éventualité d’un abandon de la primaire par la convocation d’un congrès extraordinaire du parti à l’automne. Une hypothèse confirmée dès le lendemain par M. Cambadélis. « Plusieurs options sont sur la table : l’organisation d’une primaire de toute la gauche, l’organisation d’une primaire du seul PS ou, effectivement, le changement de nos statuts pour désigner notre candidat lors d’une convention du parti », a-t-il détaillé au Monde.

L’entourage de M. Hollande fait tout pour éviter qu’il soit contraint de passer par la case primaire pour pouvoir se représenter. D’autres hauts responsables socialistes, comme Manuel Valls et même Martine Aubry, considèrent également qu’au regard des institutions le président sortant n’a pas à se soumettre à une compétition interne, alors que les frondeurs et Arnaud Montebourg veulent au contraire l’y obliger. Mais, au fil des semaines et des mauvais sondages pour le chef de l’Etat, le débat prend corps jusque dans les rangs de ses partisans.

« Il ne faut pas fermer la porte à la primaire, Hollande peut en avoir besoin à la fin de l’année pour se relégitimer à gauche, face à Montebourg notamment », estime un proche du chef de l’Etat. Autre argument avancé, au cœur du pouvoir : la primaire peut être un moyen pour la gauche de ne pas abandonner, à la rentrée, tout l’espace politique et médiatique à la droite et à sa primaire prévue fin novembre. « On ne peut pas laisser pendant des mois le peuple de gauche être spectateur de la primaire de la droite », estime un ministre.