« D’une clarté rare et une mise en garde contre ceux qui seraient coupables de malversations financières ». C’est en ces termes que le chroniqueur de la chaîne privée de télévision, Canal 3, Sulpice Oscar Gbaguidi, résume l’entretien accordé par le président béninois Patrice Talon au Monde.

C’était la première interview du nouveau chef de l’Etat élu le 20 mars avec 65 % des voix face au Franco-Béninois Lionel Zinsou. Ce qui n’a pas manqué de susciter de vifs commentaires de la presse béninoise qui a relevé les soupçons de corruption et de malversations de la part de l’ancien chef de l’Etat, Thomas Boni Yayi (2006-2016). « Il a laissé le pays dans un état catastrophique… Si la justice le décide, [Thomas Boni Yayi] comparaîtra », a déclaré Patrice Talon au Monde.

« Pas d’amnistie pour Yayi », publie en manchette Le Matinal. « L’ancien président Thomas Boni Yayi pourrait être un client des juges », peut-on lire dans les colonnes de ce journal réputé proche du nouveau président.

Plaie béante

« La plaie causée par le bras de fer Yayi-Talon est encore béante. La preuve sans ménagement, Talon suggère tout simplement le repos à son ancien ami », conclut le quotidien Fraternité. Et ce, malgré la mise en scène de réconciliation entre Patrice Talon et Thomas Boni Yayi, le 18 avril à Abidjan, sous l’égide des présidents ivoirien et togolais, Alassane Ouattara et Faure Gnassingbé.

Les journalistes béninois ne se sont pas privés de commenter l’attitude de Patrice Talon à l’égard de la presse étrangère qui « l’a souvent critiqué en campagne et a soulevé l’indignation des partisans de la rupture », comme le relève le quotidien Djakpata. Et de s’interroger : « Le président Talon méprise-t-il la presse béninoise ? ».

Une question qui intervient dans un contexte de tension entre le pouvoir et la presse. Le nouveau gouvernement a suspendu la plupart des contrats de publicité signés avec les organes de presse par le régime précédent . Une décision qui vient asphyxier encore un peu plus la presse béninoise.