Donald Trump et le vice president de la National Rifle Association, Wayne LaPierre à Louisville le 20 mai. | MARK HUMPHREY / AP

La tuerie d’Orlando (Floride), survenue dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 juin, va-t-elle entraîner un début d’encadrement des armes à feu aux Etats-Unis ? Le débat que l’on pensait impossible compte tenu des positions irréconciliables du Parti démocrate et du Parti républicain a semblé renaître, mercredi 15 juin en fin de matinée, à la suite de plusieurs annonces.

La plus importante est venue du futur candidat républicain pour la présidentielle, Donald Trump. Ce dernier avait écarté deux jours plus tôt un contrôle accru des armes à feu lors d’un discours consacré au massacre provoqué, à Orlando, par un Américain se revendiquant de l’organisation Etat islamique (EI), Omar Mateen.

M. Trump avait alors indiqué qu’il allait bientôt rencontrer des responsables de la National Rifle Association (NRA), le principal lobby des armes – et de l’industrie qui en dépend –, « pour examiner les mesures à prendre pour garantir aux Américains qu’ils auront les moyens de se protéger à l’âge de la terreur ».

Le magnat de l’immobilier a semblé se raviser, mercredi, en annonçant sur son compte Twitter que la rencontre avec la NRA viserait plutôt à trouver le moyen d’empêcher les personnes figurant sur « les listes de surveillance antiterroriste » et celles « non-autorisées à prendre l’avion », d’acheter des armes.

Chris Cox, le directeur exécutif du lobby, qui a déjà apporté son soutien au milliardaire, s’est dit « heureux » de rencontrer M. Trump, assurant que son organisation a toujours été hostile à ce que « les terroristes achètent ou possèdent des armes ».

Hostilité des républicains

Après l’attentat de San Bernardino (Californie), le 2 décembre 2015, les démocrates du Congrès avaient déjà tenté de combler des lacunes de la loi qui permettent aujourd’hui à une personne interdite de monter à bord d’un avion compte tenu des doutes qui pèsent sur elle d’acheter une arme sans être inquiétée.

Cette mesure jugée « de bon sens » et défendue avec force par la Maison Blanche s’était cependant heurtée à l’hostilité des républicains qui estimaient qu’elle empiétait sur le droit des citoyens à posséder une arme.

Déjà à la manœuvre à ce moment-là, la sénatrice démocrate de Californie, Diane Feinstein, est revenue à la charge mercredi avec un amendement accordant des pouvoirs renforcés au ministère de la justice pour interdire la vente d’armes à des personnes suspectées de terrorisme.

« Filibuster »

Peu de temps après l’annonce de M. Trump, Christopher Murphy, sénateur démocrate du Connecticut – l’Etat endeuillé par la tuerie de Sandy Hook en décembre 2012, au cours de laquelle vingt-huit personnes avait été tuées dont vingt enfants –, prenait la parole en séance publique pour commencer un « filibuster ». Cette tactique d’obstruction parlementaire permet à un élu de conserver la parole à condition de s’exprimer sans interruption, avec le renfort éventuel de collègues autorisés à lui poser des questions.

« Je suis prêt à parler de la nécessité d’empêcher la violence liée aux armes à feu aussi longtemps que je le pourrai », a annoncé M. Murphy peu avant midi. Ce dernier était toujours rivé à son pupitre onze heures plus tard, en milieu de soirée.

Deux sénateurs républicains, Pat Toomey (Pennsylvanie) et John Cornyn (Texas), ont préparé des propositions permettant de concilier, selon eux, l’impératif de sécurité avec un respect strict du deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui garantit le droit de posséder une arme.

La NRA, très influente au Congrès, tient cependant à ce qu’un éventuel contrôle soit le plus limité possible. La liste de surveillance fédérale antiterroriste comporte environ 800 000 noms.

Le tueur d’Orlando, Omar Mateen, y avait brièvement figuré lorsqu’il faisait l’objet d’une enquête du FBI. « Nous accueillerions avec satisfaction ces changements s’ils se matérialisaient parce qu’ils rendraient le pays plus sûr », a commenté avec prudence Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche.