La candidate à l’investiture démocrate en vue de la présidentielle de novembre, Hillary Clinton, lors d’un meeting de campagne à Buena Park, en Californie, le 25 mai. | TOMMASO BODDI / AFP

Le supplice se poursuit pour Hillary Clinton. Mercredi 25 mai, le Washington Post a révélé le contenu d’un audit indépendant demandé par le département d’Etat à propos du dossier controversé du serveur et de l’adresse privés utilisés par la favorite de la course à l’investiture démocrate lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine, de 2009 à 2013. Ses conclusions sont cruelles et affaiblissent les lignes de défense de l’ancienne First Lady.

Au terme de ses investigations, le contrôleur général saisi de cette affaire n’a pas trouvé d’éléments témoignant que Mme Clinton avait demandé un feu vert pour le dispositif dérogatoire mis en place. Les instances compétentes auraient-elles été saisies, « elles ne l’auraient jamais approuvé ». L’intéressée a toujours assuré, avant de reconnaître « une erreur », qu’elle avait suivi les règles.

Il note ensuite que Mme Clinton aurait dû confier ses archives au département d’Etat pendant son mandat, ou au moment de quitter Foggy Bottom, le quartier de Washington où il est installé, ce qu’elle n’a pas fait. Il précise que les documents livrés par la suite, à la demande du département d’Etat, n’étaient pas complets et précise que l’entourage de l’ex-First Lady a ordonné à des fonctionnaires qui s’inquiétaient de ce dispositif de ne plus en faire état.

Classification « top secret »

Le rapport qui passe en revue les pratiques de cinq secrétaires d’Etat américains, depuis Madeleine Albright, montre que Mme Clinton n’a pas été la seule à s’affranchir du règlement. Colin Powell, en post lors du premier mandat de George W. Bush, avait également utilisé une adresse privée. Cependant, l’audit précise qu’en 2009, date du début des fonctions de la démocrate, le cadre juridique avait été défini avec beaucoup plus de détails que lorsque l’ancien chef d’état-major avait été nommé, en janvier 2001.

L’entourage de Mme Clinton a néanmoins mis en avant ce précédent pour tenter d’atténuer les critiques. Dans un communiqué, le porte-parole de la candidate, Brian Fallon, a également insisté sur le fait que « contrairement aux rumeurs » l’existence du serveur et de l’adresse privés était de notoriété publique et qu’aucun hacking n’a été répertorié pendant les quatre années passées par l’intéressée au département d’Etat.

Il est peu probable cependant que cette réponse soit jugée suffisante. D’autant que le plus dur reste à venir pour la candidate qui reste otage de l’enquête ouverte par le FBI. Ce dernier doit dire si le dispositif a porté atteinte, d’une manière ou d’une autre, aux intérets des Etats-Unis en exposant potentiellement des informations confidentielles. Ce point constitue un autre sujet de controverse puisque Mme Clinton juge excessive la classification « top secret » effectuée a posteriori par le renseignement américain d’une vingtaine de courriers transmis au département d’Etat.

A deux semaines des primaires décisives du New Jersey, de Californie du Nouveau-Mexique, du Montana et du Dakota du Nord, le 7 juin, l’ancienne secrétaire d’Etat se bat désormais sur trois fronts : contre les accusations sur ses e-mails, contre son rival à l’investiture démocrate Bernie Sanders, et contre le futur candidat républicain Donald Trump.

Affaire des e-mails : Bernie Sanders vient au secours d'Hillary Clinton
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