Les Britanniques se prononcent sur leur maintien au sein de l’Union européenne le 23 juin (Photo: le Parlement européen à Strasbourg, le 9 juin). | FREDERICK FLORIN / AFP

Le 23 juin, les Britanniques se prononceront sur leur maintien au sein de l’Union européenne. Perçus comme des apprentis sorciers, les partisans du « Leave » en faveur d’une sortie de l’Union européenne se présentent en artisans d’une Europe nouvelle.

Pour la député travailliste Gisela Stuart, voter en faveur du « Brexit », ce n’est pas cesser d’être Européens. « Voter « Leave », pour une sortie de l’UE, c’est quitter une structure politique créée au siècle dernier. Un projet qui était noble et respectable en 1957, mais qui est aujourd’hui périmé ». La présidente de la campagne « Vote Leave » en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pointe les échecs de l’Europe, le taux de chômage des jeunes, son manque de solution face à la crise migratoire, son incapacité à s’adapter au monde moderne.

Si accélérer la marche vers une politique budgétaire commune et une union politique c’est déboucher à terme sur des Etats-Unis d’Europe, non merci, dit-elle. Voter la sortie de l’Union serait « montrer qu’il existe un autre mode de relation possible entre les pays d’Europe, un mode plus participatif et entrepreneurial ».

Anand Menon, professeur de politiques européennes au King’s College de Londres, insiste sur le fait que « les conjectures sur ce que l’Europe pourrait être sans le Royaume-Uni sont souvent fondées sur une interprétation erronée du comportement britannique au sein de l’UE. En dépit de l’intransigeance de Londres et du caractère hostile de son discours sur l’Europe, la réalité est que le Royaume-Uni a fait autant, si ce n’est plus, que n’importe quel autre pays pour façonner l’UE d’aujourd’hui ».

« Ce n’est pas Londres qui empêche la zone euro de traiter efficacement les épineux problèmes structurels qui menacent encore sa survie. Ce ne sont pas les Britanniques qui empêchent l’élargissement du marché unique aux services. Ce n’est pas à cause de nous que les Européens se reposent sans vergogne sur la puissance américaine. Dans tous ces domaines, les obstacles se trouvent en Europe continentale », poursuit-il.

« Le Brexit, s’il devenait réalité, aurait pour conséquence d’obliger nos partenaires à se poser de douloureuses questions sur qui est vraiment responsable de l’inefficacité actuelle de l’Europe et à chercher les réponses chez eux. Un bouc émissaire anglo-saxon a son utilité », conclut-il.

A lire sur le sujet :

« Voter pour une sortie de l’Union européenne, c’est quitter une structure politique périmée », par Gisela Stuart, députée travailliste, présidente de la campagne « Vote Leave » en faveur du « Brexit ». A l’heure de l’économie mondialisée, l’Union européenne s’enferme dans un modèle dépassé : il est temps de dire adieu à la vieille Europe, estime la députée travailliste Gisela Stuart, présidente de la campagne « Vote Leave » en faveur du « Brexit ».

« Le Royaume-Uni a fait autant que les autres pays pour façonner l’Union européenne d’aujourd’hui », par Anand Menon, professeur de politiques européennes au King’s College London. Les voix ne manquent pas sur le continent pour affirmer que le départ de Londres serait un mal pour un bien. Evitons de nous bercer de ce genre d’illusion.

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Impact économique d’un Brexit : la bataille des chiffres, par Eric Albert et Jérémie Baruch.

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A la frontière irlandaise, le Brexit réactive les peurs, par Enora Ollivier.

« L’Europe doit rester unie et travailler de façon rapprochée », par un collectif d’industriels européens membres de la Table ronde des industriels européens (ERT), dont Benoît Potier, Jean-Paul Agon, Patrick Pouyanné, Stéphane Richard, etc.

« Brexit » : et si les Britanniques restaient ? (éditorial)

Brexit : les Britanniques pensent « eux », pas « nous », par Mark Rice-Oxley (The Guardian).

Brexit : « Les déserteurs ne seront pas accueillis à bras ouverts », prévient M. Juncker, propos recueillis par Jean-Pierre Stroobants, Alain Salles et Cécile Ducourtieux.

Nicolas Sarkozy : « Brexit ou pas, il faudra refonder profondément le projet européen », propos recueillis par Alexandre Lemarié, Arnaud Leparmentier et Thomas Wieder.