Série sur OCS GO à la demande

Blunt Talk | Official Trailer | STARZ
Durée : 01:44

La première saison de la série de Jonathan Ames, que rediffuse OCS, démarre de manière prometteuse mais lasse vit.

L’élégant et austère Walter Blunt (Patrick Stewart) est dans un bar un peu chic de Los Angeles, où l’on connaît les habitudes pentues de son gosier. Passablement éméché, il prend tout de même le volant de sa Jaguar, prélève quelques gorgées de whisky de la fiole qui ne le quitte jamais et consomme une barre de marijuana chocolatée.

Sur le chemin du retour, il séduit une jeune femme en lamé qui lui annonce, avant de faire affaire à bord de la voiture dans un coin présumé isolé, qu’elle est transgenre et possède un « clitoris de 9 pouces [22,8 cm] ». Alors que la prénommée Giseles’inquiète de le choquer, le septuagénaire lui rétorque sans tiquer : « Pas du tout, je suis anglais. » La police débarque, mais, la marijuana commençant à faire son effet, Walter attaque et blesse un policier, monte sur le toit de l’automobile et refuse de se rendre. Le tout est filmé, diffusé sur YouTube et fait un scandale terrible sur Internet.

Le très sérieux présentateur britannique de l’émission américaine « Blunt Talk » en compagnie de Vivian (Golden Brooks) dans l’épisode 4 de la première saison de la série créée par Jonathan Ames. | Justina Mintz

Car Walter est le très sérieux présentateur britannique de « Blunt Talk », une émission nord-américaine fameuse, mais en perte d’audience. Il va donc lui falloir ­retrouver la confiance de son diffuseur et de ses téléspectateurs. L’essentiel des aventures de ­Walter se tient dans les studios de la chaîne qui accueille son programme, autour de la table de ­conférence où se réunit chaque matin une équipe de doux dingues, et chez lui, dans la villa huppée que le présentateur vedette partage avec son valet, Harry (Adrian Scarborough).

Leur forte et ancienne relation concilie le fraternel et l’ancillaire : les deux hommes ont combattu ensemble pendant la guerre des Malouines et le major Walter a sauvé la vie du soldat Harry. Ce dernier lui est, depuis lors, entièrement dévoué.

Le modèle maître-valet

L’excentricité du duo principal est assez plaisante et leur complicité, non sexuelle et sans ambiguïté, les mène pourtant à des pratiques surprenantes : ainsi Harry fouette-t-il Walter d’une serviette de bain mouillée afin de chasser les toxines du corps du journaliste peu avant son direct quotidien.

Trailer Park: BLUNT TALK
Durée : 00:22

Cette variation sur le modèle maître-valet est l’un des ressorts dramatiques essentiels de « Blunt Talk », auquel s’ajoute celui, bien connu aussi, de l’Anglais en terre étrangère. Sorte de Major Thompson (le personnage de Britannique excentrique inventé par l’écrivain Pierre Daninos), Walter s’entretient avec Harry dans une langue assez éloignée de l’anglo-américain courant et demeure british jusqu’aux ongles.

On s’amusera aussi du rôle du psychanalyste (Richard Lewis) dépêché par l’assurance de Walter pour des séances imposées après ses frasques rendues publiques. Non seulement le docteur Weiss est frappadingue et cocaïnomane (« un vrai freudien », commente Walter), mais il se déplace avec une chaise longue pliante où s’installent ses patients…

Peter Sellers - The Party - Birdie Num Num Scene
Durée : 02:21

Les dix épisodes de « Blunt Talk », que rediffuse OCS City depuis une semaine, se regardent sans déplaisir. Mais, en dépit de jolis dialogues souvent piquants, les huit derniers ne renouvellent pas la foldinguerie des deux premiers. A l’exception de quelques scènes comme celle de la fête chez Walter (épisode 9), sorte de parodie du film The Party (1968), de Blake Edwards.

La satire manque décidément de sel et l’on ne peut que regretter le manque d’ambition, d’invention et de fantaisie dont témoignent, hélas, Jonathan Ames, le créateur de « Blunt Talk », et ses auteurs.

« Blunt Talk », créée par Jonathan Ames. Avec Patrick Stewart, Adrian Scarborough (EU, 2015, 10 ép. x 25 min). Chaque dimanche sur OCS City à 21 h 35 et sur OCS Go à la demande.