Les participants au sommet du G7 posent devant le temple d’Ise, au Japon. | HANDOUT / REUTERS

Shinzo Abe le souhaitait. Au cœur de la matinée de ce jeudi 26 mai, le premier ministre japonais a accueilli les dirigeants participant au sommet du G7 d’Ise-Shima (centre du Japon) à l’entrée du sanctuaire d’Ise, lieu de culte dédié à Amaterasu-Omikami, la « grande divinité illuminatrice du ciel » et cœur du culte shinto, la religion première du Japon.

Sous un ciel légèrement couvert mais non pluvieux comme redouté, le chef du gouvernement a salué chacun de ses hôtes – le président français, François Hollande, fut le premier, son homologue américain, Barack Obama, le dernier – à l’orée du pont Ujibashi, qui enjambe la rivière Isuzugawa et constitue la première étape vers le Naiku, auquel on accède après une déambulation au cœur d’une verdoyance dense et riche, dominée par la majesté de cèdres du Japon plusieurs fois centenaires.

Les dirigeants du G7 ont participé à une séance de plantation d’arbres, avant de suivre le parcours qu’empruntent des millions de Japonais chaque année, puis de poser pour une photo « de famille » au pied de l’escalier de pierres conduisant au Naiku.

Le président français, François Hollande, accueilli par des prêtres shintoïstes jeudi 26 mai à Ise, au Japon. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Ce choix de M. Abe d’accueillir ses hôtes en ce lieu sacré avait suscité des interrogations. Pour le premier ministre, l’initiative visait à mettre en avant « la culture et l’histoire » du Japon. Mais les critiques n’hésitent pas à y voir un reflet des inclinations nationalistes du chef de gouvernement. M. Abe préside notamment l’association parlementaire de la Fédération politique shinto (Shinseiren), une structure très conservatrice créée en 1969 qui, comme le premier ministre, promeut la révision de la Constitution pour qu’elle devienne « la fierté du peuple japonais ».

Le shinto a été religion d’Etat de l’ère Meiji à 1945. Or la Constitution japonaise affirme aujourd’hui dans son article 20 la séparation de la religion et de l’Etat. Certains au Japon voient dans la visite du premier ministre à Ise une violation de ce principe. Du côté des délégations étrangères comme au sein de l’administration Abe, l’aspect religieux est minimisé. L’accent est mis sur le respect pour un lieu important de la culture japonaise.

De fait, les invités du premier ministre n’ont pas eu à se plier aux rituels, évitant ainsi les polémiques. Ils ont ensuite rejoint l’hôtel Shima Kanko Bay Suites pour entamer les sessions des discussions, sur l’économie, puis le commerce et la sécurité régionale. En fin de journée, M. Hollande a pu s’entretenir avec le premier ministre canadien, Justin Trudeau, avant une ultime session sur la protection du patrimoine.