La présidente sud-coréeene Park Geun-hye à Paris le 2 juin 2016. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Au-delà des cérémonies entourant le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays, la visite en France du 1er au 4 juin de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye accorde une place importante à l’économie. Samedi 4 juin, Park Geun-hye devrait se rendre à l’université de Grenoble (Isère), où elle étudia quelques mois en 1974 avant de regagner dans l’urgence son pays après l’assassinat de sa mère Yuk Young-soo, l’épouse du président autoritaire Park Chung-hee (en poste de 1961 à 1979).

Cette fois, l’objectif est de renforcer la coopération franco-coréenne en matière d’« économie créative », essentiellement les nouvelles technologies. Vendredi, Park Geun-hye a évoqué la question avec le président François Hollande après avoir participé à un forum économique bilatéral au cours duquel elle a souligné les opportunités de coopération dans « l’énergie, les TIC [technologies de l’information et des communications] et la biotechnologie, si les capacités scientifiques et technologiques françaises sont combinées avec les technologies sud-coréennes pour les applications et la production ». Les deux pays collaborent déjà dans ce domaine, Paris ayant ouvert en mars à Séoul son French Tech Hub pour aider les start-up hexagonales dans ce pays.

La construction navale en difficulté

L’administration Park voit dans ces secteurs un nouveau moteur de croissance car les activités traditionnelles de l’économie sud-coréenne connaissent des difficultés. Ainsi de la construction navale, l’une des activités ayant contribué à la croissance rapide du pays, qui génère toujours 6,5 % du produit intérieur brut (PIB) et emploie directement 200 000 personnes. L’un de ses fleurons, STX OffShore & Shipbuilding, a déposé son bilan le 27 mai auprès des tribunaux. Son principal créditeur, la KBD, la banque coréenne de développement, a estimé qu’il n’était plus possible d’injecter des capitaux dans l’entreprise.

Une mauvaise nouvelle alors que la Corée du Sud fait face à une économie toujours morose. Annoncé le 26 mai par la Banque de Corée (BoK), le chiffre révisé de la croissance au premier trimestre n’a pas dépassé 0,5 %, à peine mieux que le 0,4 % estimé précédemment. Sur un an, la croissance de la 4e économie asiatique a atteint 2,8 % alors que son potentiel est évalué à plus de 3 %.

Entre janvier et mars, la consommation des ménages a reculé de 0,2 %. Les exportations, principal moteur de la croissance, ont reculé de 1,1 %. Les ventes à l’étranger souffrent du ralentissement dans les économies émergentes, à commencer par la Chine, principal partenaire de la Corée du Sud.

« Une augmentation des dépenses du gouvernement et des investissements dans la construction ont permis de revoir le PIB à la hausse de 0,1 point », a expliqué Kim Young-tai, directeur du département de comptabilité nationale de la BoK.

Mesures incitatives

L’établissement central attend des chiffres meilleurs pour le deuxième trimestre, notamment en raison de ventes en hausse sensible des voitures grâce à des mesures incitatives décidées en févier par le gouvernement. Mais le ministre des finances Yoo Il-hoo a fait savoir que la perspective gouvernementale de croissance de 3,1 % pour 2016 pourrait être revue à la baisse.

Dans ce contexte, Park Geun-hye peine à honorer la promesse de campagne de porter le taux d’emploi à 70 % d’ici la fin de sa présidence en 2017. Il n’a pas dépassé 65,7 % en 2015. La Corée du Sud est également confrontée à une précarisation croissante de l’emploi. Et le chômage des jeunes a atteint un record, à 12,5 % en février.

Soucieuse de terminer son mandat sur une note positive, Park Geun-hye cherche donc à réformer même si ses marges de manœuvres sont contraintes par la défaite de son camp aux législatives du 13 avril. La formation conservatrice au pouvoir, le parti Saenuri, a perdu la majorité au profit du parti Minjoo de centre gauche.

Il semble néanmoins que l’inquiétude sur la morosité persistante de l’économie ait convaincu les grands partis de coopérer. Lors de l’ouverture de la nouvelle législature le 23 mai, le premier ministre Hwang Kyo-ahn a de ce fait appelé les membres de son cabinet à présenter au plus vite à l’Assemblée nationale les textes « directement liés au quotidien de la population ».