Un combattant fidèle au gouvernement d’unité nationale libyen dans la région de Syrte, le 2 juin. | MAHMUD TURKIA / AFP

Les combattants fidèles au nouveau gouvernement libyen d’unité nationale ont amplifié leur offensive et sont entrés, mercredi 8 juin dans la soirée, dans des quartiers de Syrte, bastion de l’organisation Etat islamique en Libye. Elles ne seraient plus qu’à cinq kilomètres du centre-ville, selon un communiqué des brigades qui mènent l’assaut. Une déclaration corroborée par des vidéos de combattants progressant dans le quartier d’Al-Zaafaran, dans l’ouest de la ville. Au moins quatorze combattants des forces libyennes ont été tués, mercredi 8 juin, selon un bilan provisoire établi par des sources médicales de la ville de Misrata.

A l’entrée occidentale de la ville, les miliciens de la Katiba 166 de Misrata ont mis à bas le panneau publicitaire sur lequel l’EI avait pris l’habitude d’exposer les corps des victimes – bras tendus et dans la posture du crucifié – que les djihadistes exécutaient le vendredi. Les « Misratis » ont une revanche à prendre : ce sont eux, à commencer par la fameuse brigade 166, qui avaient dû battre en retraite en mai 2015 devant l’EI, qui parachevait alors sa prise de Syrte.

Depuis le printemps 2015, la branche libyenne de l’EI a conquis une bande littorale de deux cents kilomètres autour de cette ville, ancien fief de Mouammar Kadhadfi, tué en octobre 2011 par des miliciens de Misrata. Les djihadistes allant jusqu’à menacer, à l’est, le « croissant pétrolier » : les champs d’hydrocarbures et les terminaux côtiers As-Sidr et de Ras Lanouf, sur les rivages du golfe de Syrte.

L’EI, qui compterait 5 000 hommes, dont la moitié dans la région de Syrte il y a encore quelques semaines, a profité du chaos qui s’est installé à partir de l’été 2014 et de la guerre entre factions libyennes qui a opposé le camp de Tripoli à l’ouest – une alliance de forces islamistes et de groupes issus de la ville marchande de Misrata – et celui de Tobrouk à l’est – regroupant des libéraux, des nationalistes et des cadres de l’ancien régime. Chacun disposant d’un gouvernement, d’un parlement et de ses propres forces armées.

Arraché sous la pression de la communauté internationale, un nouveau gouvernement d’« union nationale » s’est mis en place pour se substituer aux deux pouvoirs rivaux sous l’autorité de Faïez Sarraj, installé à Tripoli le 30 mars. Les brigades de Misrata, à l’ouest, et plusieurs groupes armés de l’est, dont la Garde des installations pétrolières (Petroleum Facilities Guard, PFG), un groupe paramilitaire chargé de la protection des installations pétrolières, ont déclaré se placer sous cette nouvelle autorité. Elles ont, depuis, pris en étau l’EI avec le soutien actif de forces spéciales occidental, dont les françaises.