Le château de Chambord a lancé un appel aux dons pour financer les réparations des dégâts causés par les inondations. | GUILLAUME SOUVANT/AFP

Alors que la décrue s’amorce après une semaine d’inondations, voici l’heure des comptes pour les établissements culturels touchés de plein fouet par la montée brutale des eaux. Le bilan est particulièrement lourd pour plusieurs monuments historiques situés en Loir-et-Cher.

Le débordement du Cosson, affluent du Beuvron, a contraint le château de Chambord, rapidement encerclé d’eau, à fermer pendant cinq jours. « On a au moins 150 000 à 200 000 euros de pertes d’exploitation liées au parking, aux visites guidées ou au spectacle équestre », égrène Jean d’Haussonville, directeur général du château de Chambord. Une perte d’autant plus critique que ce montant correspond au bénéfice net annuel de l’établissement public, « juste la marge qui fait qu’on est dans le rouge ou pas », ajoute le maître des lieux.

Campagne de financement participatif à Chambord

Le premier bilan des dommages est encore plus préoccupant : 125 mètres de murs d’enceinte se sont effondrés, les portes métalliques du domaine ont été arrachées, une digue d’étang a été emportée sur une largeur de dix mètres, le système électrique de la boutique est hors d’usage, le dispositif anti-incendie partiellement atteint, l’état des voiries et allées forestières aux abords du château est alarmant… Quant au bâtiment du XVIIe siècle qui doit accueillir le corps central du futur hôtel de luxe conçu par Jean-Michel Wilmotte, il menace de s’écrouler.

Le coût des travaux – hors hôtel – pourrait se chiffrer à 500 000 euros, voire 1 million d’euros. Pour faire face aux dépenses que l’apport de l’Etat et des assurances ne permettront pas de combler, le domaine a fait appel à la générosité privée à travers une campagne de financement participatif lancée lundi 6 juin par la Fondation du patrimoine.

« Quelques millions d’euros » de travaux de restaurations

D’autres monuments historiques situés dans le périmètre ont subi d’importants dégâts, comme le château d’Azay-le-Rideau, touché au niveau du parc tout juste restauré en 2014, ainsi que les châteaux de Talcy et Fougères-sur-Bièvre. Selon un premier bilan du Centre des monuments nationaux (CMN), qui gère ces trois monuments, les pertes en exploitation devraient s’élever à quelques centaines de milliers d’euros.

« Ma grande préoccupation, ce sont les travaux qui pourraient se chiffrer à plusieurs centaines de milliers voire quelques millions d’euros », s’inquiète Philippe Bélaval, président du CMN. La restauration du parc d’Azay-le-Rideau en 2014 avait coûté 2 millions d’euros. Faudra-t-il entièrement tout reprendre ? Difficile à dire.

Pour mener ces opérations de restauration, le CMN devra puiser dans son budget de 30 millions d’euros pour l’entretien et la restauration. Sauf que la manne a déjà été engagée sur d’autres projets. « On ne sera pas en déficit, mais ces travaux impromptus risquent de décaler le calendrier de certaines restaurations qui avaient été programmées », confie Philippe Bélaval.

Manque à gagner à Paris

Plus de peur que de mal pour les établissements culturels parisiens, qui ont réussi à garder la tête et surtout leurs sous-sols hors de l’eau. Les musées de la ville de Paris, qui disposent depuis longtemps de réserves mutualisées en zone non inondable, sont restés ouverts. En revanche, le Louvre et le Musée d’Orsay, dont les réserves se trouvent en sous-sol, ont dû fermer de manière préventive pendant quatre jours et déplacer en hâte les œuvres situées en réserve.

Si aucun musée n’a subi de dégâts, tous accusent un manque à gagner plus ou moins sévère, de l’ordre de 25 000 euros à la Bibliothèque nationale de France, le double au Grand Palais, qui n’a pourtant fermé qu’un jour et demi. Sans surprise, Orsay et le Louvre sont les plus lésés. Le premier accuse une perte de 200 000 euros au niveau de la billetterie et des concessions. L’addition est plus salée au Louvre, musée français le plus visité. Les quatre jours de fermeture lui ont fait perdre 120 000 visiteurs et environ un million et demi d’euros de recettes. Ces deux établissements ont rouvert leurs portes le mercredi 8 juin. Mais dans le cas d’Orsay, le retour à la normale ne s’effectuera que progressivement, certaines salles étant encore closes.