David de Gea, le gardien de la sélection espagnole, le 12 juin, lors d’un entraînement au Stadium de Toulouse. | VINCENT KESSLER / REUTERS

La sélection espagnole ne s’attendait pas à un tel scandale. Le double champion en titre, qui devait jouer, lundi 13 juin, son premier match de l’Euro contre la République tchèque à Toulouse, est déstabilisé par une affaire d’abus sexuels présumés éclaboussant son gardien de but, David de Gea. Le footballeur de 25 ans, qui évolue à Manchester United, a-t-il organisé et payé une rencontre sexuelle forcée entre deux femmes et deux footballeurs en 2012 ? L’affaire met en émoi l’Espagne depuis le coup d’envoi de la compétition.

Le nom de De Gea, appelé à substituer l’icône de la Roja, Iker Casillas, champion du monde en 2010 mais un des responsables du fiasco brésilien quatre ans plus tard, est apparu dans le cadre d’une enquête sur le producteur, réalisateur et acteur de films pornographiques espagnols Ignacio Allende Fernandez, alias Torbe. Mis en examen depuis avril pour « exploitation sexuelle, agression sexuelle, pornographie juvénile, liens avec la prostitution et blanchiment d’argent », Torbe aurait fait venir d’Ukraine des femmes, souvent dans de grandes difficultés économiques, sans leur expliquer le motif réel de leur voyage.

Or, selon une témoin protégée, dont les déclarations ont été consignées dans un rapport policier révélé par le site Eldiario.es, vendredi 10 juin, une d’entre elles aurait été contrainte par Torbe de se rendre dans un hôtel du centre de Madrid, sous la menace de révéler des images d’elle, nue, à sa famille, et avec la promesse d’être rémunérée.

Un « tissu de mensonges »

Arrivée sur place, après avoir refusé de se livrer à la prostitution, elle aurait été abusée sexuellement, ainsi qu’une autre femme, par deux footballeurs, dont un seul a pu être identifié. Il s’agirait d’Iker Muniain, de l’Athletic Bilbao, non retenu pour l’Euro.

Selon la jeune femme, qui a montré aux policiers des échanges de messages instantanés compromettants, c’est David de Gea qui aurait payé Torbe afin qu’il organise la rencontre sexuelle pour ses amis. Selon Eldiario.es, la police accorde au témoignage de la victime présumée un degré de crédibilité très élevé, notamment en raison de son souhait de maintenir l’anonymat, et son absence de demande d’argent.

Pour le sélectionneur, Vicente del Bosque, ce scandale sordide est un casse-tête qui l’a pris par surprise, alors qu’il préparait ses joueurs, au calme, sur l’île de Ré.

Aucune plainte n’a pour le moment été déposée contre David de Gea, qui n’a pas été convoqué par la police, pas même en tant que témoin. Le joueur a dénoncé en conférence de presse un « tissu de mensonges » destiné à le déstabiliser. Alors que les partisans d’une sanction exemplaire et les défenseurs du joueur se livrent bataille sur Internet, M. Del Bosque a finalement décidé de respecter la présomption d’innocence et de ne pas exclure le joueur de l’équipe. Restait à savoir s’il allait le faire jouer, après toute la pression endurée ces derniers jours et alors que tous les projecteurs sont braqués sur lui. Ou si « saint » Iker Casillas allait bénéficier d’une chance de repousser son départ à la retraite…