Un panneau « Rupture carburants » installé devant une station essence fermée à Tinteniac (Ile-et-Vilaine), le 20 mai 2016. | DAMIEN MEYER / AFP

Le blocage, dans le grand ouest, de plusieurs raffineries et dépôts de carburants par des salariés opposés à la loi El Khomri, provoquait, vendredi 20 mai, des difficultés d’approvisionnement en carburant avec la fermeture d’un nombre croissant de stations-service, sans toutefois que la situation soit jugée inquiétante par les autorités.

Loi travail : la carte des raffineries bloquées

La CGT a appelé au blocage des raffineries pétrolières, « étape supplémentaire » dans la lutte des syndicats contre la loi El Khomri de réforme du code du travail. Vendredi 20 mai, plusieurs installations sont déjà empêchées de fonctionner.

  • Quels sont les blocages ?

Afin d’obtenir le retrait de la loi El Khomri, la CGT et FO entendent bloquer la dizaine de raffineries existant en France, soit en interne via des grèves comme à Donges (Loire-Atlantique), soit en bloquant leurs accès. Des dépôts de carburants sont également ciblés par les manifestants. Ce mouvement est, pour l’instant, restreint au Grand Ouest, où sont situées les raffineries Exxon de Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), et Total de Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime) et Donges (Loire Atlantique).

  • Combien de stations à sec ?

Vendredi 20 mai, dans l’après-midi, plusieurs dizaines de stations étaient à sec autour du Havre, de Rouen ou de Nantes, selon le décompte des autorités. « Le blocage ou l’annonce de blocage de certaines raffineries a provoqué un mouvement de panique et un afflux importants d’automobiles dans certaines stations-services, explique-t-on à l’Union française des industries pétrolières (Ufip). Ces derniers ont non seulement fait le plein, mais remplissent des jerricans. »

Dans le Calvados, où 13 des 150 stations ne disposaient plus de carburant, la préfecture a décidé d’interdire la vente d’essence en jerricans « afin d’éviter le surstockage » et appelé chacun à « faire preuve de civisme et de bon sens ».

En Loire-Atlantique, la préfecture a pour sa part décidé de rationner le carburant. Les véhicules de moins de 3,5 tonnes ne pouvaient pas acheter plus de 20 litres de carburant, tandis que les plus de 3,5 tonnes peuvent acheter 40 litres de carburant au maximum.

  • Faut-il craindre une contagion au reste de la France ?

Il n’y a pas de risque à ce stade de pénurie de carburant en France. Les stocks stratégiques n’ont pas été touchés, a rappelé, vendredi, sur France Info, Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat aux transports.

De même, sur la dizaine de raffineries, les blocages restent rares et cantonnées à certaines régions. « La situation est relativement mouvante, juge-t-on à l’UFIP. Dans le Sud, certains accès des raffineries ont été bloqués récemment, avant d’être rapidement débloqués. » Il est donc difficile d’évaluer un risque de pénurie.

A long terme, cependant, si les manifestants devaient bloquer pendant plusieurs semaines les raffineries, la question d’une pénurie se poserait et le gouvernement pourrait avoir recours aux forces de l’ordre pour débloquer des dépôts de carburant, a prévenu Alain Vidalies.