Dix ans, déjà. Dix ans qu’une formation revient plus souvent que les autres au palmarès de la deuxième compétition de clubs en Europe. Pas un cador du continent, ni une place forte du championnat espagnol. Mais depuis 2006, le FC Séville s’est offert à quatre reprises la Coupe de l’UEFA, transformée en Ligue Europa en 2009. Le nom a changé, Séville a gardé son appétit pour la compétition : la formation andalouse en est sortie victorieuse en 2014 et 2015 et se présente mercredi soir, à Bâle, avec l’ambition de réaliser la passe de trois face aux Anglais de Liverpool.

Une rengaine entamée en 2006, donc. À l’époque, Séville se taille une place au soleil européen grâce à ses pépites Javier Saviola, Luis Fabiano, accompagnés des Français Julien Escudé et Frédéric Kanouté. L’année suivante, un effectif similaire conserve son titre en coupe de l’UEFA, un exploit réalisé une fois, par le Real Madrid, dans une compétition qui met aux prises plus de 150 équipes.

Mais après le faste des années 2005-2007, Séville patine et rentre dans le rang. L’entraîneur emblématique des Rojiblancos, Juande Ramos, cède aux sirènes de l’Angleterre à la fin de l’été 2007. Les tauliers du groupe quittent le navire andalou au fur et à mesure des saisons mitigées, et la donne ne changera pas davantage avec Michel, technicien espagnol arrivé en 2012 et viré quelques mois plus tard, avant de connaître de nouveau l’échec à Marseille cette année.

Graal des seconds couteaux

Janvier 2013. Michel est remplacé par Unai Emery, ancien coach de Valence et d’Almeria, pour redresser la barque en relative perdition (12e de Liga, assez loin des standards du FC Séville). L’entraîneur basque réinvente le jeu sévillan et recrute intelligemment : Alvaro Negredo et Jésus Navas partent faire étalage de leur talent à Manchester City et sont remplacés par Kevin Gameiro et Carlos Bacca, joueurs peu connus. Sans se doter de stars comme Barcelone ou Madrid, Séville se construit d’abord un groupe.

Le travail paye enfin en 2014. Quand Liverpool termine dauphin de Manchester City en Premier League sans avoir participé à une compétition européenne, Séville ne vit qu’au travers de la Ligue Europa en terminant loin des mastodontes ibériques en Liga. Tombeurs du Benfica Lisbonne, finaliste l’année précédente, les joueurs d’Emery décrochent le Graal des seconds couteaux après avoir éliminé Porto et Valence.

L’été suivant, c’est l’hécatombe dans l’effectif : Alberto Moreno, Diego Perotti et surtout Ivan Rakitic désertent l’Andalousie. Emery rebouche les trous béants, rafistole et remet sur pied un effectif compétitif grâce à des joueurs de devoir comme Aleix Vidal ou Grzegorz Krychowiak. De son côté, les Reds pillent les joyaux des plus petits clubs qu’eux grâce à la manne du transfert de son diamant Luis Suarez.

Séville n’a jamais perdu en finale

Qualifiés pour la Ligue des Champions 2014-2015, Liverpool trouve le moyen de terminer pâle troisième de sa poule, synonyme de poursuite de l’aventure européenne à l’échelon inférieur, en Ligue Europa. Séville continue pendant ce temps de s’aguerrir aux joutes disputées aux quatre coins de l’Europe. Alors que les Reds trébuchent contre Besiktas dès les huitièmes de finale, Séville réédite son exploit de 2014 en conservant son trophée face aux rugueux Ukrainiens de Dnipropetrovsk, en finale.

Mercredi soir, contre Séville, Liverpool devra se hisser à la hauteur d’un scénario trop bien ficelé pour échapper au jeu des Espagnols : « On a l’opportunité de gagner cette compétition pour la troisième fois, d’écrire l’histoire, de laisser notre nom pour toujours dans l’histoire de ce club, avançait mardi Unai Emery. Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’autre chose pour les motiver. »

Atout essentiel de cette légende en construction, le Français Kevin Gameiro dispute sa troisième finale de Ligue Europa avec Séville, la première en tant que titulaire et cadre des Rojiblancos : « C’est la meilleure saison de ma carrière », avouait récemment l’attaquant tricolore au site de l’UEFA, également réserviste de l’équipe de France pour l’Euro 2016. « C’est l’une des principales raisons pour lesquelles nous sommes là où nous sommes », poursuivait son capitaine, l’Espagnol Coke. Mercredi, Jürgen Klopp et ses Reds voudront faire connaître aux Andalous leur première défaite en finale de Ligue Europa. Rompu aux matchs à très haute intensité, Séville compte bien fêter le dixième anniversaire de sa victoire, un soir de mai 2006, par un nouveau récital sur la petite scène européenne.