Un cortège de la CGT lors d’une manifestation contre la loi travail à Marseille, le 31 mars 2016. | JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

La solidarité envers les opposants à la loi travail s’organise en ligne. Le 23 mai, la section Info’com de la CGT, le Syndicat des imprimeries parisiennes-CGT, la CGT-Air France et la CGT-Goodyear ont lancé un appel aux dons sur le site LePotCommun.fr, afin de constituer une caisse de solidarité pour les salariés grévistes.

En une semaine, la cagnotte avait atteint les 100 000 euros. Le compteur est aujourd’hui à près de 175 000 euros, auxquels s’ajoutent plus de 32 000 euros de chèques, récoltés avec les traditionnels bulletins à renvoyer par courrier. Soit plus de 200 000 euros, destinés à être reversés à des milliers de grévistes.

Entre 30 et 50 euros par salarié et par jour de grève

« La quête en ligne a fait un carton », se réjouit Romain Altmann, secrétaire général d’Info’com CGT (et par ailleurs secrétaire de rédaction au Monde). C’était la première fois que la section portait une telle initiative. « Avec Internet, c’est beaucoup plus rapide. Tous ceux à qui on en parle sont scotchés qu’on ait pu collecter un tel volume en si peu de temps. »

La section est en train d’identifier les syndicats ou comités de grève qui recevront l’argent : « On ne peut pas sélectionner les revendications, mais le motif principal de grève doit être la loi travail », explique-t-il, soulignant le souhait de valoriser des entreprises du privé ne travaillant pas dans les gros secteurs et d’éviter les doublons, des caisses ayant déjà été mises en place dans certaines entreprises.

Une charte prévoit, en outre, que la somme versée bénéficie aux salariés en grève reconductible et soit utilisée pour la mobilisation en cours et non mise de côté pour une action ultérieure. Outre des engagements de transparence, la structure recevant les fonds ne doit pas faire de différence entre les salariés syndiqués et ceux qui ne le sont pas.

La liste des bénéficiaires étant en cours, le syndicat n’a pas encore établi la somme exacte qui sera versée, qui dépendra de plusieurs critères (nombre de salariés dans l’entreprise, nombre de jours de grève, nombre de grévistes). « Pouvoir donner entre 30 et 50 euros par salarié et par jour de grève ce serait bien. On veut que ce soit une indemnisation, pas que ça compense un jour de grève complet. On va commencer à distribuer les premiers chèques cette semaine. »

« Un mouvement de fond dépassant la loi travail »

La cagnotte, toujours active, avait été abondée, lundi 6 juin, par plus de 4 100 donateurs (auxquels s’ajoutent 205 par chèque). Le plus gros don : un chèque de 5 000 euros. Dans les messages laissés sur le site, des grévistes, des salariés ne pouvant pas faire grève mais aussi de nombreux retraités, qui, ne pouvant faire grève, trouvent là le moyen le plus concret de participer au mouvement.

« C’est une France qui s’est battu en son temps et qui apporte son soutien à ceux qui se battent aujourd’hui. Et des actifs qui veulent aider à leur manière », commente Romain Altmann, pour qui la cagnotte « confirme un mouvement de fond dépassant la loi travail. »

Le dernier sondage BVA pour i-Télé et Orange publié dimanche ne lui donne toutefois pas raison : alors qu’il y a trois semaines, 54 % des Français approuvaient la poursuite des grèves et manifestations contre la loi travail, ils ne sont plus que 45 % aujourd’hui.