Les enquêteurs de la « police des polices » ont auditionné mercredi 8 juin le policier qui a jeté une grenade de désencerclement lors de la manifestation parisienne du 26 mai, au cours de laquelle un jeune homme a été sérieusement blessé à la tête.

Cette audition se déroulait dans le cadre de l’enquête du parquet de Paris confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), sur des faits survenus à la fin de la manifestation contre la loi travail, à Paris, au niveau du cours de Vincennes. Elle doit déterminer si le jeune homme, souffrant d’un œdème cérébral et sorti récemment du coma artificiel, a été blessé par la grenade de désencerclement lancée par un policier, et dans quelles circonstances le fonctionnaire l’a utilisée.

Dans ce cadre, des vidéos ont pu être exploitées et des témoins et des policiers ont été entendus. Ces derniers ont affirmé avoir agi dans les règles.

Un « écrasement du crâne »

Selon la préfecture de police, « une centaine de personnes a pris à partie cinq fonctionnaires de police qui procédaient à une interpellation et ont dû se retrancher dans une résidence privée dans l’attente de l’arrivée de renforts ». Un témoin a assuré au Monde que les forces de l’ordre « ne sont pas acculées par une foule de manifestants ». Le photographe Olivier Laban-Mattei, qui couvrait la manifestation pour Le Monde, confirme cette version. Ces policiers décident pourtant de les disperser à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades de désencerclement, selon certains manifestants.

Des vidéos de la scène, diffusées sur Internet, permettent de voir un policier en tenue antiémeute lancer une grenade à terre, puis, l’instant qui suit, le jeune homme, qui portait une petite caméra d’action, s’effondrer au sol, la tête en sang, avant que plusieurs personnes, dont des photographes, ne lui portent secours.

La famille du jeune homme, qui souffre d’« un écrasement du crâne », a porté plainte pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ». Au moment où la grenade est jetée à terre, « il n’y avait pas de heurts (…) le jeune homme était venu filmer en tant qu’observateur, ce n’est pas un manifestant », a expliqué Me Hugues Bouget, l’avocat de la famille. L’avocat, qui réclame la saisine d’un juge d’instruction, a appelé les autorités à « faire toute la transparence sur cette affaire ».

L’affaire fait également l’objet d’une enquête administrative.