Marie Lecaille.#EnMémoireBruxelles | D.R.

Une femme ouverte sur le monde, curieuse, avec une soif infinie d’apprendre. Ce sont les mots utilisés par les proches de Marie Lecaille pour décrire cette Bruxelloise de 68 ans qui multipliait les activités. Mardi 22 mars, elle se rendait à un cours de cuisine lorsqu’une bombe a explosé dans la station de métro Maelbeek. Partie de chez elle en avance, elle avait prévu de faire un détour par une librarie.

Souriante et toujours de bonne humeur, Marie était de nature optimiste. « Elle était à l’écoute des autres. Il n’y avait jamais de problèmes, uniquement des solutions », relève sa fille Carine. Solaire, elle est partie au printemps, sa saison préférée. « Elle aimait le retour de la végétation et de la luminosité », note son mari Jean. Les plantes, les fleurs et les compositions florales de Marie occupaient une grande place dans leur appartement de Watermael-Boitsfort.

Pour Marie, retraite ne rimait pas avec repos, bien au contraire. Depuis dix ans, elle enchaînait les hobbies avec frénésie : couture, broderie, bridge, cuisine, yoga… Avec Jean, ils adoraient jouer au golf, un sport dans lequel elle excellait. Son implication en tant que bénévole dans l’association Femmes d’Europe s’était également renforcée. « Un agenda de ministre », sourit sa fille Carine. Très sociable, Marie côtoyait énormément de gens, de tous milieux. « Elle avait de l’humour et beaucoup de conversation », souligne, admirative, sa sœur Gabrielle.

Marie restait cependant très disponible pour ses petits-enfants, Jade, 15 ans, et Hugo, 13 ans. Les smartphones étaient mis de côté pour laisser la place aux ateliers pâtisserie, aux échecs et aux excursions dans les parcs et musées de Belgique. Férue de littérature, de théâtre et de cinéma, Marie voulait leur transmettre son goût pour la découverte du monde. Grands-parents et petits enfants prévoyaient d’ailleurs de s’envoler bientôt pour les Etats-Unis.

Originaire de Cul-des-Sarts, près de la frontière française, Marie était l’aînée de sept sœurs. A 20 ans, elle avait épousé Jean et ils étaient partis vivre à Bruxelles où il était affecté à l’Ecole Royale de Gendarmerie. Marie avait ouvert un salon de coiffure avant de bifurquer quelques années plus tard vers l’enseignement technique professionnel, à l’Institut Saint Vincent de Paul d’Ixelles.

Devenue citadine, Marie n’aurait jamais pu retourner vivre à la campagne. Elle restait cependant très attachée à ses racines couvinoises et surtout à Cul-des-Sarts, où son père était percepteur des postes. Il avait aussi créé une revue consacrée à l’histoire locale : « Au Pays des Rièzes et des Sarts ». Marie, qui avait baigné très tôt dans ses recherches sur la région, pensait avoir le temps d’y collaborer.

Depuis la disparition de Marie qu’il qualifie d’assassinat, Jean s’est réfugié chez sa fille Carine, au Luxembourg. « À Bruxelles, tout me rappelle les dizaines d’années de bonheur que nous avons vécues. J’ai perdu ma moitié. Physiquement, j’ai l’impression qu’on m’a arraché des parties du corps », confie-t-il. Jean et Marie devaient célébrer leurs noces d’or l’an prochain, en famille.

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