Présentation de la Xbox One S, à l’E3 2016. | Casey Rodgers / Invision for Microsoft

Microsoft a annoncé lundi 13 juin, au Salon du jeu vidéo E3 de Los Angeles, deux nouveaux modèles de sa console Xbox One, et de multiples fonctions de compatibilité entre ses consoles et les PC sous Windows, créant un écosystème atypique dans le monde traditionnellement cyclique du jeu vidéo. Entretien avec Hugues Ouvrard, le directeur de Xbox France, qui définit le Projet Scorpio comme une nouvelle console, mais pas une nouvelle génération.

Microsoft a annoncé deux nouvelles versions de sa console Xbox One, une pour cette année, une pour l’an prochain – cela a-t-il vraiment un sens de proposer trois modèles différents ?

Ce ne sont pas trois consoles différentes. La Xbox One et la Xbox One S sont la même console, avec un simple changement d’aspect. C’est assez logique. Au bout de trois ans, nous avons écouté les demandes des joueurs, par exemple en intégrant l’« alientation », et en concevant une version qui puisse tenir debout. Techniquement, les deux machines sont très semblables : la « S » lira les vidéos 4K, mais c’est une évolution logique liée aux progrès techniques.

Le Projet Scorpio, en revanche, est une autre console. Mais ce n’est pas un changement de génération ! Nous essayons justement de casser cette habitude des générations de consoles, en proposant un environnement dans lequel jeux et accessoires sont tous rétrocompatibles d’une machine à l’autre.

Pourtant, le fonctionnement par « génération » a historiquement été plutôt apprécié des joueurs…

Ave les progrès techniques, la réduction de taille des composants, les consoles se rapprochent de plus en plus des PC. Historiquement, lors des changements de génération, on a utilisé des avantages techniques comme arguments marketing : cela a créé des moments forts dans l’industrie. Mais aujourd’hui, avec Windows 10, on peut rassembler les deux univers ! Pour changer la donne, il n’y a plus besoin de changer tout le matériel. Nous, nous misons sur la « rétrocompatibilité » et la « futurocompatibilité » : si vous achetez Halo Wars ou Gears of War 4 demain, vous pourrez toujours y jouer dans trois ou quatre ans, et vous pourrez tirer parti des progrès d’affichage sur ces jeux.

Mais justement, avec cette convergence, pourquoi acheter une machine très puissante, comme le Projet Scorpio, plutôt qu’un PC ?

Il y a plusieurs raisons, mais c’est surtout une question de pratique de jeu. Comment joue-t-on dans la famille ? Sur la télé du salon ? Sur un PC ailleurs ? Est-ce que l’on joue en famille ? La console est plus familiale, cela a plus de sens de jouer à Just Dance ou FIFA sur la télé. Nous cherchons à abaisser cette frontière entre la console et le PC, mais il reste des types de jeux qui sont plus naturellement joués sur l’un ou l’autre support. Malgré tout, un jeu comme Rocket League a parfaitement réussi à amener des joueurs sur PC et sur console à jouer ensemble dans les mêmes parties !

Il y a aussi une question importante, le prix. Je ne connais pas le tarif auquel sera commercialisé le Projet Scorpio, mais si vous comparez aujourd’hui le prix d’une Xbox One S, à environ 300 euros, et celui d’un PC « gamer » qui peut monter à 2 000 euros, c’est un argument très important.

Lorsque les jeux conçus pour le Projet Scorpio sortiront, ils seront compatibles avec les modèles précédents de Xbox One… C’est aussi le risque d’avoir une expérience très dégradée pour les joueurs.

Ces consoles sont appelées à vivre ensemble, et nous discutons avec les éditeurs sur la meilleure manière de concevoir des jeux pour ces différents supports. C’est un peu comme regarder un film en 4K ou sur un téléviseur classique : ça reste le même film, et ça restera le même jeu. Nous pensons que les éditeurs seront très intéressés, parce qu’ils ont tout intérêt à avoir le parc de machines le plus important possible.

Vous avez présenté deux nouveaux modèles de Xbox One, mais un grand absent de cette conférence était le HoloLens, le casque de réalité augmentée présenté l’an dernier.

Fondamentalement, le HoloLens n’est pas une console. C’est un outil de réalité augmentée qui sert et servira à concevoir des objets, piloter des opérations médicales… Il se trouve qu’il y a des gens qui développent des jeux pour le HoloLens, comme le studio Asobo en France, qui a trois projets en cours. Donc oui, il y a aura des jeux sur HoloLens, mais c’est un projet global de Microsoft.

L’an dernier, la démonstration de HoloLens se faisait sur « Minecraft ». Cette année, parmi les nouveautés « Minecraft », on pouvait voir une version en réalité virtuelle pour Oculus Rift…

Aujourd’hui, en matière de réalité virtuelle, vous avez le choix entre deux types de casques : des casques puissants, à haute résolution, qui coûtent cher et fonctionnent avec un PC, comme l’Oculus Rift ou le HTC Vive. Et des casques à plus basse résolution. Dans un an et demi, quand le Projet Scorpio sortira, il aura la puissance technique nécessaire pour tirer pleinement parti de la réalité virtuelle – une technologie qui sera alors mûre.