Passagers à la Gare de Lyon pendant la journée de grève du 2 juin à Paris. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Suivie par 15,2 % des personnels, jeudi 2 juin, la grève à la SNCF a été reconduite pour un troisième jour consécutif. De nouvelles perturbations sont donc à prévoir vendredi 3 juin. Seuls deux syndicats, la CGT et SUD, poursuivent le mouvement. L’UNSA a annoncé « suspendre » sa participation, satisfait des « éclaircissements » apportés par l’entreprise sur le projet d’accord transmis la veille. L’ultime réunion de négociation sur l’organisation du travail des cheminots doit se tenir lundi.

  • La CFDT-cheminots se désolidarise du mouvement.

Les discussions sur l’organisation du temps de travail durent depuis fin mars entre la SNCF et les syndicats. Guillaume Pepy, le patron de l’entreprise de transports, espérait assouplir la réglementation actuelle pour abaisser ses coûts avant l’ouverture totale à la concurrence. Sous la pression du secrétaire d’Etat aux transports Alain Vidalies, M. Pepy a dû y renoncer.

Il y a « un projet d’accord sur l’organisation du travail encore plus favorable que celui existant et un projet de convention collective de bon niveau », s’est félicité Didier Aubert, de la CFDT-cheminots. « Ceux qui font grève aujourd’hui n’ont plus de raison, sauf politique », a-t-il dénoncé . Les dispositions actuellement en vigueur à la SNCF ne sont « absolument pas préservées », juge la CGT-Cheminots.

  • Trafic toujours perturbé vendredi

Si les liaisons internationales restent dans l’ensemble épargnées, à l’exceptions des SVI (Italie) et Ellipsos (Espagne) où seuls 30 à 40 % des trains sont prévus, les difficultés vont se poursuivre sur le réseau national.

40 % des Transiliens et RER devraient circuler en Ile-de-France. La SNCF compte par ailleurs sur un tiers des Intercités, la moitié des TER et six TGV sur dix.

Dans les transports parisiens, la CGT-RATP a appelé à une grève illimitée pour des questions salariales et contre la loi travail. Mais le trafic était normal jeudi dans le métro, les bus, les tramways et sur le RER A.

  • Le gouvernement s’impatiente à l’approche de l’Euro

Manuel Valls estime qu’« à la SNCF et dans le transport ferroviaire, les partenaires sociaux ont sur la table un projet qui garantit un haut niveau de protection des salariés ». Dans ce contexte et à sept jours de l’Euro, il considère que la poursuite de la grève « n’est pas compréhensible ».

Le chef du gouvernement s’est exprimé dans plusieurs quotidiens régionaux (L’Est républicain, Le Progrès, etc). Il y a notamment annoncé pour « très bientôt » des « décisions sur la trajectoire financière » de la SNCF.

  • Des perturbations à Air France à partir du 11 juin

L’ensemble des syndicats de pilotes à Air France appellent à la grève du 11 au 14 juin inclus pour défendre l’emploi et protester contre une modification de certaines règles de rémunération. La grève coïncide avec le lancement de l’Euro et intervient avant la prise de fonction le 4 juillet de Jean-Marc Janaillac à la tête d’Air France-KLM. « D’autres plages d’arrêts de travail suivront quelques jours plus tard si nécessaire », préviennent dans un communiqué les syndicats SNPL Air France (65 % des voix chez les pilotes), Spaf (21%) et Alter (non représentatif).

  • Polémique sur les violences policières

Sur l’autre front du conflit social, la protestation contre la loi travail, c’est à Rennes que les tensions ont été les plus vives jeudi. Une charge policière a fait plusieurs blessés en cherchant à empêcher des manifestants d’accéder à la rocade de la ville. Les pompiers appelés sur place ont pris en charge deux blessés. Un troisième a été emmené directement par les manifestants aux urgences, selon un représentant du syndicat SUD. Plusieurs journalistes ont aussi reçu des coups de matraque.

La journée de jeudi a été marqué par des actions multiformes et parfois spectaculaires, sans blocage généralisé. L’occupation d’un poste de haute tension (225.000 volts) en Loire-Atlantique, qui alimente la région de Saint-Nazaire a privé 125 000 foyers d’électricité pendant plus d’une heure et demie. A Paris, des manifestants ont envahi le poste d’aiguillage à la gare de Lyon, empêchant tout départ durant une heure. La journée avait commencé par de nombreux blocages et barrages filtrants : centrale de Flamanville, gare de Lorient, chantiers navals STX de Saint-Nazaire, usine Renault Cléon près de Rouen...

  • Total veut « redémarrer sans délai » la raffinerie de Donges

Total veut « redémarrer sans délai » la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), complètement arrêtée dans le cadre de la fronde contre la loi travail. Lors d’une consultation, le personnel s’est majoritairement prononcé en faveur de la reprise du travail. « Le résultat est sans ambiguïté puisque 94 % des votants souhaitent reprendre l’activité », a indiqué la direction au sujet de la consultation qu’elle a organisée mercredi et jeudi pour savoir si les 650 salariés du site soutenaient ou pas une reprise de l’activité.