Devant l'entree du Louvre, au jour de l'activation de la cellule de crise du Musee face aux menaces d'innondations de la Seine le 2 juin. | DENIS ALLARD/ REA POUR LE MONDE

Les yeux rivés sur le site « Vigicrues », le ministère de la culture recensait, jeudi 2 juin, en début de soirée, près d’une dizaine de lieux culturels fermés au public en raison du déclenchement du plan de prévention des inondations.

Vendredi matin, à 10 h 30, au Pavillon Mollien du musée du Louvre, à Paris, la ministre de la culture et de la communication, Audrey Azoulay, devait recevoir les responsables d’institutions touchées par les crues ainsi que ceux des directions régionales des affaires culturelles (Drac).

Des œuvres mises à l’abri

La ville de Paris est particulièrement touchée, en raison de la crue de la Seine. Depuis 2003, sur décision de l’ancien ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, un gigantesque plan de déménagement des réserves (Louvre, Orsay, etc.) a été décidé.

Vendredi, le musée du Louvre est fermé, après le déclenchement de son plan de prévention des risques inondation (PPRI). Quelque trois cents agents étaient attendus, à partir de jeudi en fin de journée, pour faire les « trois-huit » et évacuer, jusqu’au lendemain dans la soirée, les œuvres exposées en « zone inondable » – soit au rez-de-chaussée et au sous-sol, dans les réserves.

Elles vont être transportées au premier et au second étage. C’est une tâche colossale : même le délai de soixante-douze heures prévu par la préfecture de police ne suffit pas pour faire sortir toutes les œuvres exposées. C’est la raison pour laquelle le Louvre avait décidé d’externaliser ses réserves à Liévin (Pas-de-Calais), à côté du Louvre Lens. Mais le site ne sera pas prêt avant 2018. Sur le pont, jeudi soir, la directrice de la communication du musée, Sophie Grange, résumait ainsi la situation : « On fait tout notre possible pour retarder l’arrivée de l’eau, et pour évacuer le plus d’œuvres possible. »

Devant l'entree du Louvre, au jour de l'activation de la cellule de crise du Musee face aux menaces d'innondations de la Seine le 2 juin. | DENIS ALLARD/ REA POUR LE MONDE

Depuis plusieurs années, des agents volontaires du Louvre ont été formés à l’évacuation des collections. Ainsi, le 8 mars, une simulation avait été réalisée au département des arts d’islam. L’établissement est notamment équipé de portes « coupe eau » ainsi que de pompes, lesquelles ont vocation à aspirer les eaux boueuses. Chaque département du musée a mis au point un protocole de conventionnement des œuvres avec les caisses correspondantes, comme pour un déménagement.

Chambord cerné par les eaux

Toujours à Paris, le musée d’Orsay a annulé sa nocturne, jeudi, et devait être fermé au public vendredi, en vue d’une évacuation des œuvres dans les étages supérieurs. Par ailleurs, deux sites de la Bibliothèque nationale de France – François Mitterrand et l’Arsenal – n’ouvriront pas leurs portes, vendredi.

Quelques concerts ont également été annulés dans des salles parisiennes : depuis mercredi, il est impossible d’accéder à la péniche Petit Bain (450 places), situé dans le 13e arrondissement. Le concert prévu jeudi soir – The Chills et Six organs Of Admittance – a été déplacé au Point Ephémère (10e). Quelques dizaines de mètres plus loin, le Batofar, ancré quai François-Mauriac (13e), a annulé ses concerts jusqu’à vendredi soir inclus. Là comme ailleurs, les responsables font le point chaque jour.

Le Chateau de Chambord entouré d’eau le 1er  juin 2016. | LUDOVIC LETOT / AFP

En région, le musée Girodet, à Montargis (Loiret), est actuellement fermé pour cause de travaux, mais le site de La Tribune de l’Art fait état de l’inondation de ses réserves. Une partie des collections a pu être évacuée (tableaux de petit format et dessins), et les autres ont été placées en hauteur. A Saint-Arnoult-en-Yvelines, la maison Elsa Triolet-Aragon, avec son moulin, est fermée suite à la montée des eaux survenue dans la nuit du 31 mai.

Le Château de Chambord (Loir-et-Cher), lui, est cerné par l’eau qui a envahi la cour. Le Cosson, un affluent de la Loire, est en effet sorti de son cours. Des images spectaculaires ont été diffusées au journal de 13 heures, sur France 2. L’électricité a dû être coupée dans les parties basses du château qui abritent notamment une boutique et la billetterie. Le site est fermé jusqu’à la fin de la semaine.