Nicolas Sarkozy à Saint-André-lez-Lille. | PHILIPPE HUGUEN / AFP

Devant environ 800 personnes rassemblées près de Lille, Nicolas Sarkozy a prononcé mercredi 8 juin un discours « fondateur » sur les valeurs. Le président des Républicains, qui n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature à la primaire à droite, a exalté la France, « pays chrétien dans sa culture et dans ses mœurs, un pays ouvert, accueillant, tolérant », « un pays que doivent respecter ceux qui veulent y vivre ».

« Dans les années qui viennent, la France restera-t-elle la France ? C’est cela le premier défi. Le plus grand. Le plus fondamental. »

Dès les premiers mots, l’ancien chef de l’Etat a donné le ton, déclarant : « Je suis français, vous êtes français, nous sommes français, c’est une chance, c’est un privilège ! » « La France, c’est un corps, c’est un esprit, c’est une âme », a-t-il clamé, en vantant « l’amour charnel de la patrie ».

Pas moins d’une quarantaine de parlementaires, dont le chiraquien François Baroin, président de l’Association des maires de France, qui vient d’officialiser son soutien, Eric Woerth, le numéro trois du parti, Eric Ciotti, Guillaume Larrivé, Christian Jacob ou Rachida Dati, assistaient à ce discours qualifié de « fondateur » par le député du Nord Marc-Philippe Daubresse.

Pour l’ex-chef de l’Etat, il s’agit de « nommer les choses sans détour. Nommer le réel. Dire que la France est un pays d’empreinte et de tradition chrétiennes. (…) L’immigration massive et le communautarisme ont créé une prise de conscience du fait qu’il y avait quelque chose qui ne tournait plus rond en France » et si « cela ne gêne pas nos prétendus progressistes, cela gêne le peuple », a-t-il affirmé.

« Pourquoi, dans une société multiculturelle, tout le monde aurait-il le droit de cultiver sa différence, tout le monde sauf la majorité, tout le monde sauf le peuple français qui commettrait un crime contre l’altérité en voulant demeurer lui-même ? »

Même rhétorique qu’en 2007 et 2012

L’ancien président de la République a stigmatisé dans la foulée la « tyrannie des minorités qui fait chaque jour davantage reculer la République », visant pêle-mêle les lycéens, les « zadistes », ceux qui bloquent les raffineries ou encore les casseurs devant lesquels, selon lui, l’Etat a renoncé, autant que les islamistes radicaux.

Devant Gérald Darmanin, maire de Tourcoing, qui vient d’envoyer à tous les candidats de la primaire un long texte intitulé « Plaidoyer pour un islam français » dans lequel il appelle à une « concorde », M. Sarkozy a redit que « nous devons urgemment fixer les règles d’un nouvel islam de France ».

Nicolas Sarkozy avait déjà développé ce thème lors de sa campagne victorieuse de 2007 et récidivé en 2012 sous l’influence de son conseiller Patrick Buisson en liant systématiquement cette problématique à l’immigration. Il entend en faire cette fois un axe majeur de sa compétition avec Alain Juppé, toujours en tête des sondages pour la course à la primaire de droite, quitte à s’exposer une nouvelle fois aux accusations de marcher sur les plates-bandes du Front national.